Rentrée judiciaire : corruption, pressions et conditions précaires au cœur des inquiétudes des juges

SOS Médias Burundi
Bujumbura, 28 août 2025 — À l’approche de la rentrée judiciaire, le président de la Cour suprême, Gamaliel Nkurunziza, a réuni mercredi les présidents de plusieurs cours et tribunaux pour une séance d’échanges sur les défis majeurs auxquels fait face la justice burundaise : corruption, pressions politiques, climat de peur chez certains magistrats et conditions de travail précaires.
Certains magistrats se retrouvent eux-mêmes poursuivis pour corruption, une situation qui alimente l’indignation populaire et ternit l’image de l’institution judiciaire. « Il est difficile de parler de vision pour le Burundi si la justice continue à rendre ses décisions dans les conditions actuelles », a alerté un juge présent.
D’autres ont pointé la non-application de certaines lois, imputée soit à l’ignorance, soit à un laisser-faire volontaire, mettant en péril les objectifs de bonne gouvernance et de développement.
Pressions et intimidations
Le climat d’insécurité et les pressions politiques ont également été dénoncés. Certains juges subissent des actes de « terrorisme judiciaire » qui entravent leur impartialité. « Nous faisons de notre mieux pour vider les dossiers, mais parfois, nous sommes contraints d’agir autrement », a confié un magistrat.
Conditions de travail et renforcement des compétences
Les participants ont plaidé pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, ainsi que pour des formations continues. Le président Nkurunziza a assuré que l’État œuvrait pour revoir ces conditions, tout en insistant sur la responsabilité individuelle de chaque magistrat : « La corruption relève plutôt d’une mauvaise habitude que d’un besoin. »
Il a également appelé la Cour anti-corruption à cibler les « gros poissons » et a mis en garde contre l’utilisation des pressions politiques comme prétexte aux manquements professionnels.
Restaurer la confiance citoyenne
Cette rencontre a mis en lumière les fragilités du système judiciaire burundais et la nécessité de restaurer la confiance des citoyens à travers une justice intègre, indépendante, compétente et au service de l’intérêt général.
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Photo : Gamaliel Nkurunziza, président de la Cour suprême du Burundi, appelle à des juges toujours plus responsables et professionnels dans l’exercice de leurs fonctions © SOS Médias Burundi