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Ouest du Burundi : les collinaires plombées par fraudes et manipulations électorales

SOS Médias Burundi

Bujumbura, 28 août 2025 – Les élections collinaires du 25 août dans la province de Bujumbura, à l’ouest du Burundi, organisées sous la supervision de la CEPI (Commission électorale provinciale indépendante), étaient censées renforcer la démocratie locale. Pourtant, fraudes massives, arrestations ciblées et intimidations orchestrées par des responsables locaux du CNDD-FDD et les Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir, ont créé un climat de colère et de méfiance chez les électeurs.

Le scrutin, présenté comme un pilier de la démocratie locale, a tourné au fiasco dans plusieurs communes de la province. Fraudes à répétition, arrestations sélectives, impunité et faible participation ont alimenté tensions et désillusion.

Cibitoke : des urnes bourrées et des arrestations ciblées

À Dogodogo, zone Rugombo, des électeurs venus de l’extérieur ont été autorisés à voter avec des cartes distribuées à la hâte, sans figurer sur les listes officielles. La tension est montée lorsqu’un militaire a tiré en l’air pour disperser des jeunes filles accusées de fraude. Plus surprenant encore, le candidat lésé a été arrêté pour « atteinte à autrui », alors que ses partisans dénoncent un « coup monté ».

Dans d’autres collines comme Rusiga, Karurama, Rugeregere, Rukana et Kagazi, des présidents de bureaux de vote pris en flagrant délit de manipulation des urnes ont été arrêtés puis rapidement relâchés, renforçant le sentiment d’injustice chez les électeurs.

Mugina : des cartes électorales à la pelle

Dans la commune de Mugina, deux personnes ont été arrêtées à Muyange avec 19 cartes électorales, puis libérées sans sanctions. Des pratiques similaires ont été observées à Rusagara, Ruziba, Buhoro, Muhingo et Butahana, compromettant la régularité du scrutin.

Bukinanyana : un schéma répété

À Bukinanyana, plusieurs collines, dont Bumbiri, Kaburantwa, Bumba, Nyamitanga et Ndava, ont été marquées par des fraudes répétées. Les responsables du scrutin sont restés inactifs, et l’impunité semble avoir été la règle, au grand désarroi des électeurs.

Participation en chute libre

Au-delà des irrégularités, le scrutin a révélé une démobilisation inquiétante. Dans de nombreux villages, les habitants ont préféré rester chez eux, estimant inutile de voter « pour des responsables qui n’apporteront rien ».

Des autorités sur la défensive

Face aux critiques, le président de la CEPI Bujumbura a parlé de « tentatives de perturbation » et promis que « les anomalies seront corrigées ». Mais aucune mesure concrète n’a encore été annoncée, et les résultats officiels se font toujours attendre.

Une démocratie fragilisée

Présentées comme une étape clé pour rapprocher les citoyens de leurs institutions, ces élections laissent un goût amer. Fraudes, intimidations et manque de transparence nourrissent la méfiance. La population réclame déjà une reprise du scrutin, tandis que les autorités sont appelées à restaurer d’urgence la confiance dans un processus électoral de plus en plus contesté.

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Photo : Des électeurs dans un centre de vote de la province de Bujumbura, où la participation a été faible lors des élections collinaires du 25 août 2025 © SOS Médias Burundi