Au camp de Nakivale, la soif et la maladie menacent plus de 150 000 réfugiés

SOS Médias Burundi
Nakivale, 19 août 2025 – Un mois vient de s’écouler sans qu’aucune goutte d’eau ne coule dans les robinets publics du camp de Nakivale. Les conséquences sont graves dans les hôpitaux qui alertent sur l’apparition des maladies diarrhéiques.
Tous les robinets et fontaines du camp de Nakivale sont secs. Pour cause, le camp accuse une pénurie d’eau potable depuis un certain temps.
« Je peux jurer que nous avions déjà passé une nuit sans rien manger, pas parce que je n’ai pas eu de ration, mais plutôt parce que je n’ai pas eu d’eau pour cuisiner », raconte un homme qui venait d’acheter un bidon de 20 litres à 2.000 shillings ougandais, le triple du prix de cette denrée en temps normal.
Pire encore, « ce n’est même pas d’eau potable ! », précise-t-il. Il s’agit de l’eau des rivières puisée à au moins 25 km du camp par des vendeurs qui la ramènent à vélo.
Les réfugiés qui résident non loin des vallées essayent toujours de creuser des puits pour chercher de l’eau, en vain.
Début août, ceux vivant au village Kashojwa B ont eu la chance de trouver de l’eau dans un puits d’au moins 10 m de profondeur. « Tout le camp a afflué vers cette source naturelle et à moins de 24 heures, l’eau était finie. Cet endroit créait d’ailleurs une insécurité à cause des bagarres et des conflits », indiquent des réfugiés.
La problématique d’eau a déjà produit ses conséquences. Les structures de santé alertent sur l’apparition des maladies diarrhéiques surtout chez les enfants de moins de cinq ans et des femmes enceintes et/ou allaitantes.
Par ailleurs, plusieurs champs de légumes se dessèchent de jour en jour faute d’arrosage. « On ne peut pas avoir de l’eau de cuisine et celle d’arrosage », regrettent des réfugiés qui venaient de puiser de l’eau du lac Nakivale, situé à une dizaine de kilomètres du camp.
Le responsable du volet assainissement au camp explique que cette pénurie d’eau potable est due à la saison sèche. Les réfugiés, quant à eux, exigent du HCR et de l’Office du Premier ministre en charge des réfugiés de faire le nécessaire pour insérer cette denrée vitale sur la liste d’assistance.
Les bénéficiaires dénoncent également un manque de planification du HCR et de ses partenaires, incapables d’anticiper à temps un tel défi que le camp et les communautés d’accueil environnantes affrontent chaque année pendant la saison sèche.
Nakivale abrite plus de 150 000 réfugiés, dont 33 000 Burundais.
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Photo : Des réfugiés qui attendent de l’eau sur un robinet au camp de Nakivale en Ouganda © SOS Médias Burundi