Musenyi : les grossesses précoces brisent l’espoir d’avenir des jeunes filles réfugiées

SOS Médias Burundi
Musenyi, 12 août 2025 – Le site de Musenyi, situé dans la province de Burunga, au sud du Burundi, accueille plus de 19 000 réfugiés congolais fuyant la guerre dans l’est de la RDC. Ce conflit oppose les rebelles du M23, un groupe armé affilié au mouvement politico-militaire hostile à Kinshasa, et qui contrôle désormais les chefs-lieux des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ainsi que plusieurs zones minières stratégiques, aux Forces armées de la RDC (FARDC), appuyées par des milices locales appelées Wazalendo, soutenues par Kinshasa ainsi que par l’armée burundaise.
Dans ce contexte, un phénomène inquiétant secoue la vie de certaines jeunes filles réfugiées : les grossesses non désirées. Fragilisées par le déplacement, la pauvreté, les violences subies et l’absence de structures éducatives et sanitaires adéquates, plusieurs adolescentes se retrouvent enceintes, souvent abandonnées, et livrées à elles-mêmes.
Bernard, père d’une adolescente enceinte :
« Quand nous avons fui la guerre en février pour venir nous réfugier ici à Musenyi, je pensais que nous allions enfin retrouver un peu de paix. Mais quelques semaines plus tard, j’ai découvert que ma fille de 16 ans était enceinte. Je n’ai pas de mots pour exprimer ce que j’ai ressenti : du choc, de la honte, et une immense tristesse.
Je me sens coupable. J’ai l’impression d’avoir échoué à la protéger. Elle n’aura plus la chance de reprendre l’école à la prochaine rentrée. Son avenir est en suspens. Je suis profondément désolé. »
Grâce, aujourd’hui jeune mère :
« C’était en novembre dernier. J’étais amoureuse d’un garçon ici au site. Il me disait qu’il allait m’épouser. On a eu des relations, puis je suis tombée enceinte. Quand je lui ai annoncé ma grossesse, il a pris la fuite. Il a disparu, sans laisser de trace.
Aujourd’hui, je vis seule avec mon enfant chez mes parents. J’ai perdu tout espoir. Mes parents avaient promis de m’emmener à Bujumbura pour reprendre mes études, que j’avais abandonnées quand nous avons fui en juin. Mais maintenant, tout est compromis.
C’est dur. Parfois, je me demande ce que j’ai fait pour mériter ça. »
Au site de Musenyi, les rêves de certaines adolescentes s’effondrent sous le poids de grossesses précoces non planifiées. Abandonnées par les auteurs des grossesses, rejetées ou mal comprises par leurs familles, elles se retrouvent sans perspective d’avenir.
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Photo : Une femme se déplace difficilement dans une partie du site de Musenyi inondée, avril 2025 © SOS Médias Burundi