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21ème anniversaire du massacre de Gatumba : appels à la justice au camp de Mahama

Plusieurs réfugiés, dont des enfants, réunis sur une place publique au camp de Mahama pour écouter les discours en marge de la commémoration du 21ème anniversaire du massacre de Gatumba. © SOS Médias Burundi

SOS Médias Burundi,

Mahama, 10 août 2025- Ce vendredi, le camp de réfugiés de Mahama, au Rwanda, a accueilli la commémoration du 21ème anniversaire du massacre de Gatumba, une tragédie qui a coûté la vie à plus de 150 réfugiés congolais de la communauté Banyamulenge en août 2004. Ce massacre a eu lieu dans un camp géré par le HCR, situé dans l’ouest du Burundi, non loin de la frontière burundo-congolaise. Les victimes étaient originaires du Sud-Kivu, dans l’est du Congo.

Des milliers de réfugiés congolais, venus des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, se sont rassemblés pour rendre hommage aux victimes et réclamer justice, dénonçant au passage l’impunité et le silence de la communauté internationale face à ce drame.

La marche silencieuse, longue de plus de 5 kilomètres, s’est déroulée dans et autour du camp de Mahama. Les participants portaient des pancartes avec des inscriptions telles que : « Arrêtez le génocide contre les Tutsi et les Banyamulenge en particulier », « Non à l’impunité », « Honte à la communauté internationale qui n’a pas protégé les Banyamulenge à Gatumba », et « Le sang des innocents réclame justice ».

Un réfugié burundais présent à la cérémonie a souligné que cette édition était « hautement préparée » avec la participation de plusieurs milliers de personnes et d’officiels, une différence notable par rapport aux trois années précédentes.

La veille, jeudi, des bougies ont été allumées de 18h à 23h lors d’une veillée de commémoration organisée sur le terrain du village 17, zone Mamaha II, quartier 9. Plusieurs réfugiés congolais se sont rassemblés pour prier et écouter les témoignages poignants des rescapés du massacre de Gatumba.

Lors des cérémonies, des survivants et représentants de la communauté congolaise ont dénoncé des « crimes contre l’humanité » et un « génocide préparé » commis à Gatumba. Ils ont également exprimé leur frustration envers la communauté internationale, notamment l’ONU, qui selon eux, reste silencieuse alors que les victimes étaient sous la protection du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), une agence onusienne.

Par ailleurs, ils ont réclamé l’arrestation d’Agathon Rwasa, alors leader du mouvement rebelle FNL, qui avait revendiqué l’attaque. « Pourquoi se promène-t-il librement, respecté comme acteur politique, alors que le sang des Banyamulenge l’accuse toujours ? Que l’impunité cesse ! », ont-ils déclaré.

Ces réfugiés ont aussi profité de l’occasion pour se souvenir des Tutsi du Nord-Kivu, des Hema de l’Ituri et de tous les Banyamulenge « qui continuent d’être dévorés par leur propre gouvernement ». Ils dénoncent un génocide qui se poursuit et appellent la communauté internationale à agir rapidement.

Les représentants du HCR et du gouvernement rwandais présents à la cérémonie ont pour leur part appelé au calme, à la non-violence et à la retenue, tout en soulignant l’importance de rendre justice aux victimes.

Les victimes de Gatumba avaient fui les combats qui sévissaient dans leur pays avant d’être installées au camp de transit dans la zone de Gatumba, en commune de Mutimbuzi, province de Bujumbura (ouest) en 2004. Sur les 166 personnes tuées, 154 appartenaient à la communauté Banyamulenge et 12 à la tribu Babembe.

Ce massacre, perpétré dans la nuit du 13 au 14 août 2004, a été revendiqué initialement par le mouvement Hutu Front National de Libération (FNL). Pasteur Habimana, alors porte-parole du FNL, avait assumé la responsabilité de l’attaque avant de revenir sur ses propos.

Plusieurs procédures judiciaires ont été engagées en RDC, au Burundi , au Rwanda et auprès de la CPI ( Cour Pénale Internationale).

Ce massacre a été documenté par l’ONG Human Rights Watch ainsi que par plusieurs agences des Nations unies, notamment la Mission de l’ONU en RDC, la Mission de l’ONU au Burundi et le Bureau du Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme.

Le camp de Mahama accueille aujourd’hui plus de 76 000 réfugiés, dont plus de 25 000 Congolais, le reste étant majoritairement burundais.

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Photo : plusieurs réfugiés, dont des enfants, réunis sur une place publique au camp de Mahama pour écouter les discours en marge de la commémoration du 21ème anniversaire du massacre de Gatumba. © SOS Médias Burundi