Washington ferme temporairement ses portes aux Burundais

SOS Médias Burundi
Bujumbura, 4 août 2025 – L’ambassade des États-Unis au Burundi a annoncé, ce lundi, que la délivrance de visas américains aux citoyens burundais est temporairement suspendue « en raison de violations répétées ». Le communiqué rappelle que chaque voyageur représente les espoirs de sa famille et de sa communauté, et que le non-respect des règles de visa affecte l’image du pays tout entier.
Cette décision s’inscrit dans un resserrement général de la politique américaine des visas. En juillet, Washington avait déjà suspendu les visas pour les femmes ougandaises venant accoucher aux États-Unis. Le même mois, cinq Ougandais avaient été arrêtés à l’ambassade américaine de Kampala pour usage de faux documents.
Une mesure préparée depuis juin
La suspension découle d’une proclamation présidentielle du 9 juin 2025, qui avait déjà instauré des restrictions partielles visant plusieurs pays, dont la petite nation de l’Afrique de l’Est.
Interdiction des nouveaux visas pour :
visas immigrés,
visas de visiteurs (B‑1, B‑2, B‑1/B‑2),
visas étudiants (F, M),
visas d’échange universitaire (J).
Les visas délivrés avant le 9 juin 2025 restent valides.
Qui est concerné ?
Non affectés : Burundais déjà titulaires de visas valides, détenteurs de Green Card et certains détenteurs de visas diplomatiques ou liés à des organisations internationales.
Impactés : toutes les nouvelles demandes de visas pour affaires, études, échanges ou visites familiales déposées après le 9 juin 2025.
Pourquoi cette suspension ?
Les autorités américaines invoquent des taux élevés de dépassement de séjour (overstay) parmi les Burundais :
15,35 % pour les visas B‑1/B‑2,
17,52 % pour les visas F/M/J.
Ces chiffres, issus d’un rapport du Département de la sécurité intérieure (DHS), sont cités dans la proclamation comme justification de la mesure.
Il n’y avait pas de réaction publique immédiate des autorités burundaises, le gouvernement étant actuellement démissionnaire et les affaires courantes assurées par le secrétaire général.
Un pays parmi les plus vulnérables
Selon la Banque mondiale, le Burundi reste le pays le plus pauvre du monde en termes de PIB par habitant. Avec près de 14 millions d’habitants, trois Burundais sur quatre vivent sous le seuil de pauvreté. Pour beaucoup, les opportunités internationales représentent un espoir majeur pour échapper à la précarité.
Conséquences attendues
Cette suspension limitera :
les voyages d’affaires,
les visites familiales,
les études et échanges universitaires vers les États-Unis.
Elle ne s’applique pas aux visas émis avant le 9 juin 2025.
Malgré l’absence d’un gouvernement pleinement opérationnel, Gitega cherche à négocier avec Washington. En juin, le ministre des Affaires étrangères Albert Shingiro avait assuré travailler avec les représentants américains sur un meilleur partage des données consulaires et le renforcement des mécanismes de vérification d’identité, dans l’espoir de rétablir l’accès aux visas.
Cette suspension temporaire, qui vient renforcer les restrictions déjà imposées depuis juin, cible uniquement les nouveaux demandeurs. Elle survient dans un contexte où le Burundi, fragilisé par une extrême pauvreté et une instabilité institutionnelle, cherche à éviter un isolement croissant de ses ressortissants, alors que Washington durcit sa politique migratoire en Afrique.
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Photo : Collage des drapeaux américain et burundais, illustrant la décision des autorités américaines de suspendre temporairement la délivrance de visas aux ressortissants du Burundi. © DR