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Gervais Ndirakobuca, l’ex-Premier ministre au passé controversé, s’impose à la tête du Sénat burundais

Gervais Ndirakobuca, ancien Premier ministre devenu président du Sénat burundais © SOS Médias Burundi

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Gitega, 5 août 2025 – L’ancien Premier ministre et général de police Gervais Ndirakobuca a été élu à l’unanimité président du Sénat burundais ce mardi, lors de l’ouverture solennelle de la 7e législature au sein de l’hémicycle de Gitega, capitale politique. Cette élection renforce la mainmise du CNDD-FDD, ancienne rébellion hutue devenue parti au pouvoir, sur les institutions clés du pays.

La séance plénière inaugurale a vu la mise en place d’un bureau exclusivement composé de membres issus du parti majoritaire. Gervais Ndirakobuca, surnommé « Ndakugarika » (je vais te tuer), a obtenu 100 % des voix des sénateurs présents. Ancien ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité, il avait également occupé le poste de chef de cabinet du Service national de renseignements (SNR) avant d’être nommé Premier ministre en juin 2022, succédant à l’ancien tout-puissant Alain Guillaume Bunyoni, actuellement en prison.

Originaire de Bukinanyana, dans la province de Bujumbura (ouest), Ndirakobuca reste une figure controversée. Il a été visé par des sanctions américaines et européennes pour son rôle présumé dans la répression violente des manifestations contre un autre mandat controversé du feu président Pierre Nkurunziza en 2015 et les années qui ont suivi.

Un bureau verrouillé par le CNDD-FDD

Aux côtés du nouveau président du Sénat, deux vice-présidentes ont été élues à l’unanimité : la générale de police Générose Ngendanganya, également Hutu, originaire de Bugendana dans la province de Gitega (centre), et Mme Clotilde Kampimbare, issue de l’ethnie Tutsi et native de la province de Burunga (sud).

Dans la foulée, les sénateurs ont validé à 100 % la nomination de Nestor Ntahontuye au poste de Premier ministre, entérinant le double remaniement institutionnel voulu par le président Évariste Ndayishimiye.

Continuité et concentration du pouvoir

Cette recomposition institutionnelle illustre l’emprise totale de l’ancienne rébellion hutue sur les rouages de l’État. Déjà dominante au sein de l’Assemblée nationale et du gouvernement, elle consolide son contrôle au sommet du Sénat.

Certains observateurs estiment que ce recentrage du pouvoir autour de figures issues de l’appareil sécuritaire et loyales au président pourrait renforcer la cohésion interne, mais aussi réduire les perspectives de pluralisme politique dans la petite nation de l’Afrique de l’Est.

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Photo : Gervais Ndirakobuca, ancien Premier ministre devenu président du Sénat burundais © SOS Médias Burundi