Bujumbura : détresse maternelle derrière la recrudescence des infanticides et abandons de nourrissons

SOS Médias Burundi
Bujumbura, 4 août 2025- Les dernières semaines du mois de juillet dernier ont été marquées par une série de drames dans plusieurs quartiers de la capitale économique. Des nourrissons ont été abandonnés ou tués par leurs propres mères, des actes désespérés qui révèlent la détresse de certaines femmes et interrogent sur les responsabilités partagées au sein des familles.
À Gisyo, dans la zone Kanyosha, au sud de Bujumbura, une domestique a accouché en secret avant de mettre fin à la vie de son bébé. Selon des témoins, elle venait tout juste de commencer son travail et personne ne soupçonnait sa grossesse. Après l’accouchement, elle aurait placé le bébé dans un sac avant de le jeter derrière la maison. Le corps a été retrouvé dans la parcelle voisine, permettant aux habitants d’alerter rapidement la police.
À Heha, en zone Kamenge, dans le nord de Bujumbura, un autre cas a choqué les résidents. Une femme aurait étouffé son nouveau-né avant de jeter le corps dans les toilettes. La découverte a été faite par un voisin. La police est intervenue immédiatement et la suspecte a été placée en garde à vue.
À l’hôpital Prince Régent Charles, une femme a abandonné son nourrisson d’environ un mois dans le service de néonatologie. La mère n’a jamais été identifiée. L’équipe médicale a pris soin de l’enfant pendant plus d’une semaine avant qu’il ne soit adopté par une famille le vendredi 25 juillet.
Un autre fait troublant a été signalé à Rubirizi, en périphérie de Bujumbura. Une femme s’est introduite dans une maison qui ne lui appartenait pas pour y abandonner un bébé, qu’elle a confié à un enfant de six ans avant de disparaître. L’enfant, trop jeune pour comprendre, est resté seul avec le nourrisson jusqu’à l’intervention des autorités.
Il y a près de deux mois, un nourrisson en état de décomposition avait également été découvert dans une galerie du centre-ville, abandonné depuis plusieurs jours. Les travailleurs des lieux, alertés par une odeur insoutenable, avaient fait la macabre découverte.
Un mal-être profond derrière ces gestes
Pour de nombreux observateurs, ces actes extrêmes révèlent une détresse sociale et psychologique profonde. La pauvreté, le manque d’éducation sexuelle, les grossesses non désirées et l’absence de soutien familial — en particulier de la part des partenaires — sont souvent pointés comme causes majeures.
« Trop de femmes sont abandonnées après la grossesse, livrées à elles-mêmes. Cela ne peut plus être ignoré. Il est temps de rappeler que l’enfant est une responsabilité partagée », souligne une aide-soignante de l’hôpital Prince Régent Charles de Bujumbura.
Face à cette recrudescence, plusieurs sources appellent les autorités compétentes à intensifier les campagnes de sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive, mais aussi à renforcer les mécanismes d’accompagnement pour les femmes en détresse.
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Photo : Des femmes et leurs enfants dans une allée de l’hôpital Roi Khaled à Bujumbura, mars 2025 © SOS Médias Burundi