Burunga : deux femmes meurent en fuyant des Imbonerakure dans une forêt protégée
SOS Médias Burundi
Nyanza, 30 juillet 2025 – Deux femmes de la commune Nyanza ont été retrouvées mortes après avoir été pourchassées, selon des témoins, par trois Imbonerakure chargés de surveiller une forêt protégée. Les présumés agresseurs sont en fuite.
Le mardi 29 juillet 2025, les corps sans vie de Georgette Nishimwe et Jeanine Nyabenda ont été découverts dans un ravin situé dans la forêt naturelle de Rubungu, sur la colline Nyamugari. C’est en zone Gitara, commune de Nyanza, dans la province de Burunga, au sud du Burundi.
Selon les témoignages recueillis auprès de leurs familles et confirmés par l’administration locale, les deux femmes étaient parties la veille, lundi, à la recherche de bois de chauffage. C’est dans cette forêt qu’elles auraient été pourchassées par des agents chargés de la protection de l’environnement. Les victimes auraient alors glissé et trouvé la mort en chutant dans un ravin.
Trois hommes sont cités comme étant les personnes ayant poursuivi ces femmes : Luc Ndikumana, Éric Ndayikeza et Jean Claude Hasharizimana. Tous trois sont identifiés comme membres des Imbonerakure, la ligue de jeunesse du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, et sont actifs dans la surveillance des forêts naturelles de la région.
Les suspects sont actuellement en fuite, d’après les autorités locales.
Deux habitants de la colline, connus sous les sobriquets Nyangoma et Tereka, avaient initialement arrêté deux des trois présumés auteurs. Cependant, ces derniers ont été relâchés peu de temps après, une décision jugée suspecte. Les deux hommes ayant procédé à cette libération ont été transférés au poste de police de Mabanda pour interrogatoire.
Le chef de zone Gitara, Serges Nibayubahe, a confirmé que les enquêtes sont en cours pour élucider les circonstances de ce drame.
Les corps transférés pour autopsie
Les dépouilles des deux femmes ont été transférées au centre de santé de Musenyi, toujours dans la zone Gitara, pour une expertise médicale afin de déterminer avec précision les causes de leur mort.
Une pénurie de bois à l’origine du drame ?
Cette tragédie met en lumière un problème structurel dans plusieurs communes du sud du pays, notamment Burunga, Nyanza et Makamba : la raréfaction du bois de chauffage. Sur certaines collines, quatre fagots de bois se vendent jusqu’à 2 000 Fbu, un prix jugé exorbitant par les populations locales déjà en situation de précarité.
Cette situation pousse de nombreuses personnes, en particulier des femmes, à s’aventurer dans les forêts protégées malgré les interdictions, risquant ainsi des poursuites violentes, comme dans ce cas tragique.
Des voix s’élèvent contre l’impunité
La colère est palpable dans la région. Plusieurs habitants dénoncent l’impunité dont bénéficieraient les membres des Imbonerakure, souvent cités dans des affaires de violences ou d’intimidation sans qu’aucune suite judiciaire ne soit donnée.
« C’est inacceptable que des gens meurent pour avoir cherché du bois pour faire à manger. Et ceux qui ont causé leur mort sont relâchés. Nous voulons la vérité et la justice », déclare un habitant de Nyamugari, sous couvert d’anonymat.
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Photo : Des hommes portent sur des civières les corps des deux femmes, sous les yeux d’une population sous le choc. © DR
