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Rumonge : vague d’arrestations de commerçants accusés de spéculation sur les produits Brarudi

Des prévenus dans une salle d’audience du tribunal de Rumonge dans le sud-ouest du Burundi, novembre 2024 © SOS Médias Burundi

SOS Médias Burundi

Rumonge, 27 juillet 2025 – Les forces de l’ordre poursuivent leur traque contre les spéculateurs sur les produits de la Brasserie et Limonaderie du Burundi (Brarudi) dans la province de Burunga, dans le sud du pays. Après l’arrestation, jeudi soir, d’un commerçant bien connu dans la commune de Rumonge, quatre autres personnes ont été interpellées vendredi dans la ville de Rumonge et au centre de Kizuka.

Le premier suspect, Audace Mbazumutima, alias Magara, a été appréhendé dans le chef-lieu de la colline Muzenga. Il est accusé d’avoir écoulé des boissons Brarudi à des prix supérieurs aux tarifs officiels. Selon les témoignages recueillis, il vendait par exemple la bouteille d’Amstel 72 cl à 5 500 francs burundais au lieu de 5 000 francs. De plus, il proposait des boissons au détail entre 3 000 et 3 500 francs avant même leur arrivée dans les dépôts de distribution. Lors de l’opération, la police a saisi un important stock : 199 casiers de Primus 72 cl, 22 casiers d’Amstel 65 cl, 72 casiers de Fanta pleins, ainsi que 78 caisses vides, sans oublier le véhicule de transport.

Le lendemain, vendredi, la police a interpellé quatre autres commerçants – deux hommes et deux femmes – dans les quartiers Birimba et Rukinga, ainsi que dans la zone Kizuka. Ces derniers sont accusés d’avoir pratiqué des prix allant de 4 000 à 5 000 francs pour une bouteille de 72 cl, bien au-dessus du tarif officiel. Leurs stocks ont également été saisis.

Les cinq suspects sont actuellement détenus dans les locaux de la police à Rumonge. Ils devraient être jugés en flagrance, conformément aux directives du ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, Martin Niteretse. Lors d’une récente réunion de sécurité tenue à Muyinga, dans le nord-est du pays, ce dernier a ordonné non seulement l’arrestation des commerçants impliqués dans la spéculation, mais aussi celle des autorités locales dans les zones où les saisies se feront, si elles ferment les yeux sur ces pratiques. Le ministre a qualifié ces activités de « malfaisantes » et a insisté pour que les biens saisis soient vendus aux enchères au profit de l’État.

Cette répression intervient dans un contexte de déséquilibre persistant entre l’offre et la demande sur le marché intérieur. De nombreuses régions du Burundi, même les grandes villes et centres commerciaux, connaissent des pénuries récurrentes de produits Brarudi. Et Certaines localités peuvent rester plusieurs semaines sans approvisionnement. Selon plusieurs sources, la Brarudi privilégie désormais l’exportation d’une partie de sa production – notamment les anciennes bouteilles d’Amstel 65 cl, les petits formats et certaines limonades – pour obtenir des devises, au détriment du marché local.

Ce déséquilibre alimente la flambée des prix et crée un terrain fertile pour la spéculation, au grand dam des consommateurs. En attendant une solution durable, les autorités multiplient les opérations coup de poing, décidées à sanctionner commerçants et responsables administratifs jugés complices, tandis que les Burundais continuent de subir les conséquences de cette crise d’approvisionnement.

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Photo d’illustration : des prévenus dans la salle d’audience du tribunal de Rumonge, dans le sud-ouest du Burundi, où doivent être jugés cinq commerçants. © SOS Médias Burundi