Uvira : 332 réfugiés burundais rentrent au pays, poussés par la faim et l’insécurité

SOS Médias Burundi
Uvira, 24 juillet 2025 — Ces dernières semaines, 332 réfugiés burundais, regroupés en 74 ménages, ont été rapatriés depuis la République démocratique du Congo vers le Burundi. L’opération a été menée par la Commission nationale chargée des réfugiés (CNR), en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), via le poste frontalier de Gatumba, à l’ouest du pays.
Ces réfugiés vivaient depuis plusieurs années dans les camps de Mulongwe, Lusenda et dans le centre de transit de Kavimvira, tous situés dans la province congolaise du Sud-Kivu, à l’est du pays.
Un retour dicté par la détresse, non par l’espoir
Ce mouvement de retour n’est pas motivé par une amélioration de la situation au Burundi, mais plutôt par l’aggravation des conditions de vie dans les camps.
Marie N., mère de famille rapatriée de Mulongwe, témoigne : « La faim est en train de nous tuer dans le camp de Mulongwe. C’est pour cela que j’ai choisi de rentrer. »
À Kavimvira, la situation est encore plus critique. Niyonkuru, un autre réfugié, décrit une détresse profonde : « Cela fait près d’un an que le Programme alimentaire mondial (PAM) ne nous a plus fourni de vivres. Nos enfants passent leurs journées à mendier dans la ville d’Uvira. »
À la faim s’ajoute une insécurité croissante. Des réfugiés qui tentaient de cultiver des terres à Kahwizi et Kiliba rapportent avoir été attaqués.
« Les miliciens Wazalendo nous attaquent sur le chemin des champs », déplore Niyonkuru.
Le blocage d’un couloir humanitaire aggrave la crise
La situation est rendue encore plus difficile par le blocage d’un corridor humanitaire essentiel entre Bukavu et Uvira. Ce couloir devait permettre l’acheminement de 200 tonnes de vivres et de médicaments. Selon des sources locales, il est actuellement contrôlé par des éléments du groupe armé Wazalendo, sous le commandement du général autoproclamé Makanaki Kasimbira John.
Ce blocage ne compromet pas seulement l’aide destinée aux réfugiés burundais, mais aussi celle censée parvenir aux populations congolaises locales, elles-mêmes confrontées à une pauvreté extrême.
Des retours qui s’enchaînent malgré les difficultés
Le 26 juin dernier, 48 autres réfugiés burundais – répartis en 10 ménages – avaient déjà été rapatriés par la CNR via la même frontière de Gatumba. La majorité de ces rapatriés étaient des femmes et des enfants, vivant à Uvira et ses alentours.
« Le HCR ne nous a pas fourni d’assistance depuis plusieurs mois. L’insécurité là-bas nous a forcés à rentrer », confiait alors un réfugié.
La CNR précise que de nombreux réfugiés dans les camps de Mulongwe et Lusenda souhaitent également rentrer, mais que des obstacles logistiques compliquent les opérations. Les eaux du lac Tanganyika bloquent régulièrement la route reliant Uvira à Fizi, rendant les déplacements encore plus périlleux.
Des opérations de rapatriement supplémentaires sont prévues d’ici la fin du mois de juillet.
Une situation humanitaire en détérioration
Depuis plus de six mois, les réfugiés burundais en RDC n’ont reçu aucune aide alimentaire. Et depuis février dernier, les agents du HCR n’ont plus pu visiter les camps de Mulongwe, Lusenda, Kavimvira ou Sange. Plusieurs d’entre eux ont quitté la région, fuyant vers Kinshasa, le Burundi ou le Rwanda à cause de l’insécurité persistante.
Le HCR prévoit d’ailleurs de fermer son bureau de Baraka, en raison de la situation alarmante dans le territoire de Fizi.
Selon les dernières estimations, plus de 42 000 réfugiés burundais vivent encore en République démocratique du Congo, dans une extrême précarité et sous la menace constante des violences armées.
À noter que ce jeudi 24 juillet, 284 réfugiés burundais répartis en 64 familles ont été rapatriés à leur tour, toujours via le poste frontière de Gatumba.
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Photo : Des réfugiés burundais dans la cour intérieure du site de transit de Kavimvira, en République démocratique du Congo, juin 2025. © SOS Médias Burundi