SOS Médias Burundi

Burunga, 25 juillet 2025 – Le récent débordement de la rivière Muragarazi, qui marque la frontière entre le Burundi et la Tanzanie, a déplacé certaines terres burundaises vers le territoire tanzanien. Cette situation a ravivé les tensions entre communautés riveraines, alimentées par des intimidations et des enjeux géopolitiques.

Un climat de tension règne actuellement dans les zones frontalières entre le Burundi et la Tanzanie, notamment dans les anciens territoires communaux de Kibago (ex-province de Makamba) et de Bukemba (ancienne province de Rutana), en nouvelle province de Burunga dans le sud du Burundi. En cause : la rivière Muragarazi, frontière naturelle entre les deux pays, a récemment modifié son cours, provoquant une série de conflits entre les communautés riveraines.

Selon les témoignages recueillis sur place, lors de la dernière saison des pluies, la rivière a quitté son lit initial, emportant des terres cultivables autrefois exploitées par des citoyens burundais. Ces terres, désormais situées du côté tanzanien, sont au cœur d’une dispute foncière et géopolitique. La vallée de la Muragarazi, notamment celle exploitée par la SOSUMO (Société Sucrière de Moso), est aujourd’hui un point chaud de cette rivalité silencieuse.

Ce changement a engendré des tensions croissantes sur le terrain. Des jeunes affiliés au parti au pouvoir en Tanzanie, le CCM (Chama Cha Mapinduzi), ont commencé à expulser de manière musclée les Burundais continuant à exercer leurs activités agricoles sur ces terres déplacées. Des affrontements ont failli éclater, entraînant l’intervention de l’armée burundaise, venue calmer les échauffourées et sécuriser ses citoyens.

Cependant, malgré cette intervention, la méfiance demeure. Les Burundais qui tentent de retourner cultiver ces terres se heurtent encore à des actes d’intimidation, accusés de franchir illégalement la frontière.

Face à cette situation, les habitants demandent à l’État burundais d’agir rapidement pour trouver une solution durable. Ils plaident pour que des travaux soient engagés dans l’immédiat – pendant la saison sèche où le niveau de la rivière est bas – afin de rediriger la Muragarazi vers son ancien tracé et ainsi restaurer les limites naturelles entre les deux pays.

Les autorités administratives et sécuritaires burundaises ont reconnu la gravité de la situation et confirment que le dossier a été transmis aux instances supérieures pour un traitement urgent.

Ce conflit discret mais latent met en lumière les enjeux liés aux frontières naturelles en mutation, exacerbés par les effets du changement climatique et l’absence de mécanismes transfrontaliers efficaces de résolution des litiges.

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Photo : Un barrage dans un marais en province de Burunga non loin de la frontière avec la Tanzanie. © SOS Médias Burundi