SOS Médias Burundi

Gitega, 23 juillet 2025 – Le scrutin sénatorial tenu ce mercredi dans la province de Gitega, au centre de la petite nation de l’Afrique de l’Est, s’est soldé par des scores quasi unanimes en faveur du CNDD-FDD, confirmant la domination écrasante du parti présidentiel sur les institutions, au détriment des autres formations politiques.

Selon des résultats non officiels compilés par des sources électorales locales consultées par SOS Médias Burundi, les candidats Hutu du CNDD-FDD auraient obtenu 223 voix sur 225, tandis que leurs colistiers Tutsi en auraient recueilli 221. Une victoire écrasante qui illustre, selon plusieurs analystes, « un effondrement du pluralisme » dans un système censé garantir la diversité politique.

Le contraste est saisissant pour l’UPRONA, parti historique de la lutte pour l’indépendance, qui n’aurait obtenu qu’une seule voix pour ses candidats Tutsi et aucune pour ses candidats Hutu, malgré la présence de sept conseillers communaux dans les neuf communes de la province. « Un résultat incompréhensible », déplore un cadre local du parti, qui soupçonne des blocages concertés.

L’aile dissidente du CNL, opposée à Agathon Rwasa, subit elle aussi une lourde défaite : 1 voix sur 225 pour chacun de ses deux candidats (Hutu et Tutsi).

À la tête des listes CNDD-FDD figuraient des figures connues : la Générale-Major de Police Générose Ngendanganya pour les candidats Hutu et Ferdinand Ndayisavye pour les Tutsi. Des personnalités réputées proches du cercle présidentiel.

Un scrutin sans surprise dans un contexte verrouillé

Pour rappel, les sénateurs burundais sont élus de manière indirecte, par les conseillers communaux. À Gitega, 225 grands électeurs étaient attendus. Le mode de scrutin exige une majorité des deux tiers aux deux premiers tours, avec possibilité d’un troisième tour à la majorité simple. Mais cette mécanique électorale, censée refléter l’équilibre des forces locales, semble désormais servir à consolider l’hégémonie du CNDD-FDD.

Les résultats de Gitega s’inscrivent dans une dynamique amorcée lors des élections communales et législatives du 5 juin 2025, largement remportées par le parti au pouvoir. Dans ce contexte, les scrutins indirects, comme celui des sénatoriales, apparaissent comme une formalité pour le parti présidentiel.

La CENI a annoncé que la proclamation provisoire des résultats interviendra jeudi 24 juillet 2025. Mais déjà, le paysage politique provincial semble privé de toute opposition structurée.

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Photo : Prosper Bazombanza, vice-président du Burundi et militant de l’Uprona, vote dans un bureau de la capitale politique Gitega lors des sénatoriales du 23 juillet 2025. Son parti a été éliminé de ce scrutin ©SOS Médias Burundi