Burunga : la campagne de collecte de maïs confrontée à la défiance paysanne

SOS Médias Burundi
Burunga, 22 juillet 2025 – En pleine campagne de collecte de maïs, l’Agence nationale de gestion du stock stratégique alimentaire (ANAGESSA) fait face à une forte réticence des agriculteurs des communes Matana et Bururi, dans la province de Burunga, au sud du Burundi.
Dans les régions de Mugamba, Matana, Bururi et Vyanda, nombreux sont ceux qui refusent de vendre leur récolte à cette agence étatique. En cause : le mode de paiement proposé.
À l’origine de cette défiance : la vente à crédit. L’ANAGESSA propose d’acheter le kilogramme de maïs à 1 700 francs burundais, un prix attractif comparé à celui offert par les commerçants locaux, mais le paiement est souvent différé. Cette situation pousse de nombreux agriculteurs à opter pour des ventes immédiates, même à un tarif inférieur, préférant l’argent comptant à une promesse de paiement incertaine.
« Il vaut mieux vendre à 1 500 francs et rentrer avec de l’argent en poche, que livrer mon maïs et attendre des mois sans rien toucher », confie un cultivateur de Matana.
D’autres producteurs expriment leur frustration face au paradoxe du système :
« Comment peut-on vendre notre récolte à 1 700 francs le kilo, et devoir racheter ce même maïs plus tard à un prix plus élevé ? », se demande un agriculteur de Mugamba. « Je préfère garder mon stock à la maison. »
En effet, la conservation traditionnelle reste ancrée dans les habitudes locales. Dans chaque rugo (ménage rural), les greniers en paille permettent de stocker les récoltes pour faire face aux périodes de soudure ou préparer la prochaine saison culturale. Cette pratique, combinée au scepticisme vis-à-vis des mécanismes de paiement de l’État, renforce la réticence à céder les récoltes à l’ANAGESSA.
Malgré les efforts de sensibilisation menés par les autorités locales et les employés de l’agence, le problème reste entier. Pour espérer convaincre les agriculteurs, une réforme du mode de paiement et une prise en compte des réalités du terrain semblent aujourd’hui indispensables.
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Photo : upoint de vente de maïs réservé à l’ANAGESSA, dans l’ouest du Burundi. Cette agence publique est chargée de la gestion stratégique des stocks alimentaires à travers le pays © SOS Médias Burundi

