Photo de la semaine : les bars trinquent aux nouvelles taxes

SOS Médias Burundi
Bujumbura, juillet 2025 — Les tenanciers de bars et de bistrots burundais sont dans la tourmente. Une nouvelle réforme du ministère du Commerce, officialisée le 14 juillet, introduit une augmentation significative des frais de licence pour les débits de boissons classés sous le « modèle C ». Ces établissements, majoritairement composés de bars de quartier et de bistrots urbains, paieront désormais selon le niveau de majoration appliqué aux prix officiels des boissons de la Brarudi (Brasserie et Limonaderie du Burundi).
Dans un communiqué signé par la ministre du Commerce, Marie Chantal Nijimbere, les nouvelles dispositions s’inscrivent dans le cadre de la loi budgétaire 2025-2026. Jusque-là, les exploitants versaient un forfait fixe de 10 millions de francs burundais pour obtenir l’autorisation de pratiquer une marge sur les prix des boissons Brarudi. Dorénavant, les frais de licence seront modulés comme suit :
- Majoration entre 1001 et 2000 FBu : 10 millions FBu
- Entre 2001 et 3000 FBu : 20 millions FBu
- Entre 3001 et 5000 FBu : 30 millions FBu
- Au-delà de 5001 FBu : 50 millions FBu
Les établissements concernés ont jusqu’au 15 août 2025 pour se mettre en conformité, faute de quoi des sanctions seront appliquées.
Une grogne généralisée dans le secteur
Pour de nombreux exploitants, cette réforme est synonyme d’asphyxie financière. Déjà fragilisé par les difficultés d’approvisionnement et la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, le secteur voit dans ces nouvelles mesures un coup dur supplémentaire.
« Imaginons qu’un gérant ait déjà payé 10 millions. Et maintenant, on lui demande de compléter selon sa marge ? Où trouvera-t-il cet argent ? », s’indigne le responsable d’un bar VIP à Bujumbura. D’autres pointent les ruptures fréquentes dans la chaîne d’approvisionnement de la Brarudi, qui rendent les opérations commerciales encore plus incertaines.
Une société civile préoccupée
La PARCEM (Parole et Action pour le Réveil des Consciences et le Changement des Mentalités), par la voix de son directeur Faustin Ndikumana, est également montée au créneau. Lors d’un point de presse, l’activiste a exprimé son inquiétude face à ce qu’il qualifie « d’insécurité fiscale grandissante ».
Selon lui, le gouvernement ferait mieux de s’attaquer aux problèmes structurels de la Brarudi plutôt que d’imposer des charges supplémentaires aux exploitants. « Dans un État qui fonctionne, les entreprises stratégiques sont soutenues, pas étouffées », a-t-il déclaré.
Faustin Ndikumana redoute une vague de fermetures et une chute des investissements dans le secteur des boissons. « L’État risque de ne pas atteindre ses objectifs de recettes, ce qui pourrait aggraver encore la situation économique », a-t-il averti.
Un avenir incertain pour de nombreux tenanciers
Pour certains exploitants, cette réforme pourrait bien signer la fin de leur activité. « À ce rythme, je préfère encore changer de métier », confie un tenancier du centre-ville de Bujumbura, une zone pourtant stratégique en raison de la concentration d’agences onusiennes et de bureaux administratifs.
L’association entre instabilité fiscale et rareté des produits menace sérieusement la viabilité du secteur. À quelques semaines de la date butoir, les professionnels appellent les autorités à entamer un dialogue pour réévaluer les modalités d’application de ces mesures.
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Photo : Une femme sert l’une des bières emblématiques produites par la Brarudi. Le cliché symbolise un secteur sous pression, où les réformes fiscales récentes sont jugées injustes par de nombreux exploitants.
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