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Camps de réfugiés au Burundi : entre faim, maladie et espoir brisé

Un centre d'accueil des réfugiés congolais installé dans le nord-ouest du Burundi. Les concernés disent vivre dans des conditions très difficiles suite à la réduction des aides © SOS Médias Burundi

SOS Médias Burundi

Buhumuza, 18 juillet 2025- Au Burundi, les camps de réfugiés font face à une crise humanitaire sans précédent. La réduction drastique des aides, la suspension des programmes de réinstallation et la flambée des prix sur les marchés ont rendu la vie quasiment invivable pour des milliers de personnes.

Depuis la coupe progressive des rations alimentaires décidée par le Programme Alimentaire Mondial (PAM), la situation s’est considérablement détériorée. Les rations ont été réduites de moitié, et leur suppression totale est annoncée pour le mois de novembre.

« Avant, on pouvait encore se débrouiller avec ce qu’on recevait. Maintenant, avec seulement 50 % des rations, on mange une fois par jour, parfois rien », témoigne Mugisha, un réfugié installé depuis plusieurs années au camp de Kinama, situé en province de Buhumuza (Est du Burundi).

La pauvreté pousse de nombreuses familles à revendre une partie de la maigre aide reçue pour acheter d’autres produits essentiels, notamment du savon, des habits ou des ustensiles de cuisine. Le montant mensuel versé à certaines familles — environ 23 000 francs burundais — ne permet pas de couvrir les besoins de base.

« Je suis allé à l’hôpital avec mon fils malade. On m’a dit qu’il n’y avait pas de médicaments. Avec les 23 000 francs burundais qu’on reçoit, je dois choisir entre nourrir mes enfants ou acheter des médicaments », confie Anicet, un réfugié congolais qui n’a pas souhaité que son camp soit mentionné.

L’accès aux soins est devenu un luxe. Faute de médicaments disponibles dans les structures de santé partenaires du HCR, les réfugiés doivent se tourner vers les pharmacies, ce qui est quasiment impossible pour la majorité d’entre eux. Cette situation aggrave la malnutrition et les maladies dans les camps.

Depuis le second mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche et la mise en œuvre de politiques migratoires plus restrictives, les départs vers les États-Unis ont été gelés.

« On attendait notre tour depuis des années. On avait passé les entretiens, il ne restait plus que la date de départ. Tout s’est arrêté le 27 janvier, dès l’entrée en vigueur des mesures restrictives de Trump. On avait emprunté de l’argent pour préparer le voyage. J’ai abandonné la petite activité génératrice de revenus que je faisais, pensant partir bientôt. Après l’annonce de la suspension, je suis tombé dans une pauvreté extrême », raconte Claude, un réfugié désillusionné.

Cette mesure a touché de nombreuses familles dont les dossiers étaient déjà avancés. L’absence d’alternative crédible accroît leur désespoir.

À cela s’ajoute une inflation galopante dans les marchés proches des camps. Les prix des produits de base ont explosé, rendant inaccessibles même les aliments les plus simples.

« Avant, avec 10 000 francs, on pouvait acheter un bassin de patates douces au marché. Aujourd’hui, il faut le double voire même le triple. Tout a augmenté, sauf ce qu’on reçoit », déplore Consolatrice, réfugiée elle aussi à Kinama.

Le Burundi abrite plus de 90 000 réfugiés congolais, essentiellement originaires de la province du Sud-Kivu à l’est du Congo.

Dans ce contexte, la survie est un combat quotidien. Les appels à l’aide se multiplient, mais la communauté internationale semble tourner les yeux. Les autorités burundaises, elles, restent silencieuses, alors que les camps deviennent des poches de vulnérabilité extrême.

Sans une reprise rapide des aides humanitaires et des programmes de réinstallation, les camps de réfugiés au Burundi risquent de sombrer dans une crise encore plus dramatique.

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Photo : un centre d’accueil des réfugiés congolais installé dans le nord-ouest du Burundi. Les concernés disent vivre dans des conditions très difficiles suite à la réduction des aides © SOS Médias Burundi