Ngozi – Un homme retrouvé mort à Kigarama : une mise en scène suspectée, une enquête ouverte
SOS Médias Burundi
Le quartier Kigarama, en commune Ngozi (province de Butanyerera, nord du Burundi), s’est réveillé bouleversé ce jeudi 10 juillet. Le corps sans vie d’un homme marié et père de deux enfants, prénommé Alexis, a été retrouvé près d’un robinet public, dans des circonstances pour le moins troublantes. L’hypothèse d’un assassinat maquillé n’est pas écartée, alors qu’une enquête est en cours. Des soupçons visent des jeunes affiliés au parti au pouvoir.
Le choc a été vif au sein de la communauté. Alexis, bien connu à Kigarama, gisait au sol non loin d’un point d’eau fréquenté. À ses côtés, un sac contenant du riz et des haricots semblait avoir été déposé volontairement, comme pour suggérer une tentative de vol ayant mal tourné.
« C’est une mise en scène. Ce n’était pas un voleur », affirme un habitant.
Le chef de quartier, Magnigique Niragira, va plus loin. Il soupçonne que le corps ait été transporté de nuit par des individus non identifiés. D’après lui, Alexis aurait été tué ailleurs, puis déplacé à cet endroit pour brouiller les pistes.
Un homme respecté, une famille en détresse
Vendeur de sable recyclé issu de maisons en ruine, Alexis menait une vie modeste, mais digne. Ce travail lui permettait de faire vivre sa femme et ses deux enfants.
« Il était courageux et respectueux. Il ne méritait pas une fin pareille », témoigne un voisin, la voix chargée d’émotion.
Sa disparition brutale plonge sa famille dans un profond désarroi. Ses proches réclament justice et exigent une enquête indépendante.
Des débuts d’enquête encore flous
La police locale affirme avoir ouvert une enquête. Une personne a déjà été interpellée. Elle aurait déclaré s’être rendue en ville pour acheter des chaussures, mais son récit suscite des incohérences, selon des sources proches du dossier.
D’autres sources locales évoquent quant à elles des soupçons pesant sur certains membres des Imbonerakure, la ligue des jeunes affiliés au CNDD-FDD, souvent pointés du doigt pour des actes d’intimidation ou de violence dans plusieurs régions du pays. À ce stade, aucune preuve tangible de leur implication n’a été rendue publique.
Une communauté marquée par la peur
Ce drame ravive les tensions dans une zone où la sécurité est déjà précaire. De nombreux habitants expriment leur inquiétude face à l’insécurité grandissante.
« On ne peut pas continuer à vivre dans la peur, sans justice », déplore un résident.
Le corps d’Alexis a été transporté à la morgue de l’hôpital général de Ngozi. Une autopsie a été ordonnée afin de déterminer les causes exactes du décès. L’administration locale assure qu’elle fera toute la lumière sur cette affaire.
À Kigarama, la tristesse est profonde, la colère palpable. Et tant que les circonstances de cette mort ne seront pas élucidées, le spectre d’un meurtre déguisé continuera de hanter les esprits.
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Photo : Le chef-lieu de Ngozi dans la province de Butanyerera, au nord du Burundi © SOS Médias Burundi
