Burundi – Réforme territoriale : les réfugiés congolais de Ruyigi bientôt libres de circuler sans billet de sortie

SOS Médias Burundi
Une avancée majeure s’annonce pour les réfugiés congolais installés à l’est du Burundi. Grâce à la récente réforme administrative, les résidents des camps de Nyankanda et Bwagiriza, situés dans la province de Ruyigi, pourront désormais se déplacer librement dans leur commune sans avoir à présenter un billet de sortie.
Jusqu’ici, tout déplacement hors du camp – même pour se rendre au marché local – nécessitait l’obtention préalable de ce document. Mais avec l’intégration officielle des deux camps dans la commune de Ruyigi, cette obligation disparaît.
« Nous avions peur de sortir sans billet, car les Imbonerakure (les jeunes du parti au pouvoir CNDD-FDD) nous arrêtaient aux barrières. Maintenant, avec notre carte de réfugié, nous pouvons circuler librement », se réjouit Arielle, réfugiée à Bwagiriza.
Conformément à l’article 70 du règlement intérieur régissant le statut des réfugiés au Burundi, toute personne réfugiée a le droit de circuler librement dans sa commune de résidence, à condition de présenter sa carte d’identité de réfugié.
Des obstacles qui subsistent
Malgré cette évolution juridique, plusieurs réfugiés font état de barrières illégales et d’arrestations arbitraires. Les intimidations exercées par certains groupes locaux n’ont pas disparu.
En février dernier, trois hommes du camp de Nyankanda ont été arrêtés à Gitega, alors qu’ils revenaient de Bujumbura. Bien qu’ils aient présenté leurs cartes de réfugié, leur absence de billet de sortie a été retenue contre eux. Ils sont toujours détenus à la prison centrale de Gitega.
« Ils n’auraient jamais dû passer autant de temps en prison pour une infraction aussi mineure. Nous demandons leur libération immédiate », déclare Saidi, réfugiée à Nyankanda.
Un contexte de réforme profonde
Les camps de Nyankanda et Bwagiriza abritent ensemble près de 20 000 réfugiés, majoritairement originaires de l’est de la République Démocratique du Congo. À l’échelle nationale, plus de 90 000 réfugiés congolais vivent actuellement au Burundi, concentrés principalement dans les provinces orientales.
La réforme qui facilite aujourd’hui leur circulation s’inscrit dans un vaste chantier de redécoupage territorial, entré en vigueur à l’issue des élections législatives et communales de juin 2025. Le pays est passé de 18 à 5 provinces, de 119 à 42 communes, tandis que le nombre de zones est passé de 339 à 447 et les collines de 2 910 à 3 037.
Si cette réforme pourrait favoriser une meilleure intégration locale des réfugiés, ces derniers appellent à une application stricte de la loi sur le terrain et à la suppression effective des entraves illégales à leur liberté de mouvement.
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Photo : Une partie du camp de Nyankanda dans l’est du Burundi © SOS Médias Burundi

