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Cibitoke : des femmes dénoncent la lenteur de la justice dans les litiges fonciers

Dans la province de Cibitoke, au nord-ouest du Burundi, des femmes expriment leur profonde frustration face à la lenteur du système judiciaire, notamment dans le traitement des litiges fonciers liés à l’héritage. Elles dénoncent une justice qu’elles jugent partiale, lente et inaccessible aux plus vulnérables.

Parmi elles, deux veuves originaires de la colline Kagazi, croisées dans les couloirs du Tribunal de Grande Instance de Cibitoke, affirment se battre depuis 27 ans pour récupérer une parcelle que leurs parents leur ont léguée. « Depuis tout ce temps, l’affaire n’a jamais été définitivement tranchée. Nous avons épuisé toutes nos ressources pour faire avancer le dossier, sans succès », témoigne l’une d’elles, le visage marqué par la fatigue.

Leurs récits révèlent un profond sentiment d’injustice. Ces femmes accusent certains magistrats de collusion avec des hommes influents, souvent bien introduits dans les sphères locales du pouvoir. Selon elles, ces adversaires seraient capables de soudoyer les juges pour faire pencher les décisions en leur faveur. « Nous sommes des veuves, sans représentant ni appui, et cela joue contre nous. La justice devrait pourtant défendre les plus faibles », soulignent-elles.

Elles lancent un appel pressant aux autorités judiciaires afin de garantir une justice équitable, rapide et impartiale, en particulier pour les citoyens marginalisés. « Cette lenteur n’est pas un simple retard administratif. Elle constitue une forme d’injustice qui écrase notre dignité et freine notre avenir », s’indignent-elles.

À Cibitoke, comme dans d’autres régions du pays, la justice reste perçue comme un pilier essentiel de la paix sociale. Mais tant que des citoyens vulnérables continueront de se sentir écartés ou abandonnés par le système judiciaire, la confiance dans l’État de droit risque de se fragiliser davantage.

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Photo : Une femme traverse un pont dans une zone où les litiges fonciers impliquant des femmes sont souvent retardés par les tribunaux locaux au Burundi. © SOS Médias Burundi