Derniers articles

Bubanza : sans ambulance, des femmes enceintes parcourent des heures à moto au péril de leur vie

SOS Médias Burundi

En province de Bubanza, à l’ouest du Burundi, de nombreuses femmes enceintes vivant dans des zones enclavées dénoncent l’absence criante d’ambulances. En cas de complications, elles n’ont d’autre choix que de recourir aux motos pour atteindre un hôpital, au risque de leur vie et de celle de leur enfant.

Sur la colline Zina, en commune Bubanza, la situation est particulièrement préoccupante. Cette localité, située dans la zone Buvyuko, ne compte que deux centres de santé publics et un centre privé. Pour les soins spécialisés ou en cas d’urgence, les patientes doivent être transférées vers les hôpitaux de Bubanza ou de Gihanga, situés à plusieurs kilomètres. « Une personne en bonne santé met quatre heures à pied pour atteindre l’hôpital. Imaginez une femme en travail », confie une habitante.

La moto, un moyen risqué mais incontournable

Faute d’ambulance, la moto est devenue le moyen de transport le plus rapide — et souvent le seul — pour ces femmes. Mais les trajets sont périlleux. « Les routes sont en très mauvais état, abîmées par la saison des pluies. Elles sont pleines de nids-de-poule. Certaines femmes arrivent à l’hôpital alors que leur bébé est déjà mort », raconte une autre résidente.

Bien qu’efficace pour gagner du temps, ce moyen de transport expose les femmes à des secousses dangereuses. Pour celles qui sont en plein travail ou souffrent de complications, chaque kilomètre parcouru devient une épreuve potentiellement fatale.

Une ambulance pour toute une province

À l’hôpital de Bubanza, une seule ambulance est disponible pour couvrir toute la zone. Son déploiement dépend, en outre, de la disponibilité du carburant — un facteur qui complique davantage les interventions en urgence.

Sur le terrain, les voix se multiplient pour réclamer des ambulances dédiées dans les zones isolées. Une pair éducatrice de la Croix-Rouge, engagée dans la sensibilisation des femmes enceintes, tire la sonnette d’alarme :
« Nous leur expliquons l’importance de consulter à temps, mais même lorsqu’elles comprennent, le transport reste un obstacle majeur. Faute d’ambulance et de routes praticables, des femmes perdent leurs bébés — parfois leur propre vie. »

Un mal qui dépasse Bubanza

Les difficultés rencontrées à Zina ne sont pas isolées. D’autres localités reculées de la province de Bubanza vivent des situations similaires. Et le phénomène s’étend à d’autres régions rurales du Burundi, confrontées elles aussi à un manque criant d’infrastructures sanitaires et de voies d’accès.

Pourtant, la politique nationale exige que tous les accouchements aient lieu dans des établissements de santé, hôpitaux ou centres agréés. Un objectif louable, mais difficilement atteignable dans un pays où les routes impraticables, le manque de personnel médical et l’indisponibilité de moyens de transport freinent l’accès aux soins.

Dans ces conditions, de nombreuses femmes burundaises restent exclues de leur droit fondamental à des soins de santé sûrs.

________________________________________________

Photo : Femmes rurales burundaises : entre travail acharné et accès limité aux services essentiels. © SOS Médias Burundi