Camp de Dzaleka : au Malawi, un recensement des logements précaires suscite espoir et méfiance

SOS Médias Burundi
Face à la dégradation croissante des logements dans le camp de réfugiés de Dzaleka, le gouvernement malawite et le HCR ont lancé un recensement pour identifier les habitations à réhabiliter. Si l’initiative répond à une demande ancienne, elle suscite aussi des critiques parmi les réfugiés, qui pointent un manque de transparence et de concertation.
Un exercice de recensement des habitations en mauvais état a débuté ce mardi dans le camp de réfugiés de Dzaleka, situé dans le centre du Malawi. L’opération, menée conjointement par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et le gouvernement malawite, vise à identifier les logements dégradés afin de les réhabiliter et de proposer des solutions aux personnes sans abri à l’intérieur du camp.
Si l’initiative répond à des revendications exprimées depuis plusieurs années, elle est accueillie avec prudence par de nombreux réfugiés, qui dénoncent un manque d’inclusion et de clarté dans la démarche.
Un soulagement teinté de scepticisme
Les réfugiés de Dzaleka, qui vivent pour la plupart dans des abris précaires, saluent le lancement de ce programme, longtemps attendu. Mais certains d’entre eux s’interrogent sur les critères utilisés pour déterminer l’état des habitations.
« Une maison construite il y a deux ans peut être en très mauvais état, alors qu’une autre, bâtie il y a cinq ans, peut encore être habitable. Tout dépend des matériaux utilisés et du nombre de personnes qui y vivent », explique un réfugié interrogé par SOS Médias Burundi.
D’après plusieurs témoignages, les habitants regrettent de ne pas avoir été consultés sur les paramètres retenus pour évaluer leurs logements. L’année de construction, critère principal utilisé par les agents recenseurs, est jugée insuffisante pour refléter la réalité du terrain.
Une opération aux multiples enjeux
En plus de l’évaluation de l’état des maisons, le recensement a pour objectif de repérer les habitations inoccupées ou réquisitionnées sans autorisation. Ces logements pourraient être réattribués à des réfugiés vivant actuellement sans toit, selon les autorités.
Des représentants du camp indiquent par ailleurs qu’un plan de construction de nouveaux logements est en cours d’élaboration, afin de répondre à l’augmentation continue de la population dans le camp. Selon eux, le HCR et le gouvernement malawite souhaitent apporter des réponses durables à la crise du logement à Dzaleka.
Vers la création de nouveaux villages
Parmi les mesures envisagées figure également la création de nouveaux villages où cohabiteraient réfugiés et membres des communautés locales. Cette approche vise à favoriser l’intégration et à renforcer la cohésion entre les populations.
Les autorités affirment vouloir accélérer le programme de réintégration des réfugiés et des demandeurs d’asile, en facilitant leur inclusion dans la société d’accueil.
Un camp surpeuplé
Le camp de Dzaleka, situé dans le district de Dowa, accueille aujourd’hui plus de 50 000 réfugiés – soit plus de trois fois sa capacité initiale. Parmi eux, on compte plus de 11 000 Burundais.
Face à cette situation, l’administration du camp envisage un plan de relocalisation partielle afin de désengorger un site désormais considéré comme insoutenable.
Malgré les intentions affichées, nombre de réfugiés restent sur leurs gardes. Beaucoup craignent que ces annonces ne débouchent, une fois de plus, sur des promesses non tenues. Pour ces populations qui vivent dans la précarité depuis des années, la confiance ne se regagne pas facilement.
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Photo : Une pancarte indiquant le camp de Dzaleka, où les autorités malawites et le HCR ont entamé un recensement des maisons en mauvais état. © SOS Médias Burundi