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Bujumbura : le journaliste Willy Kwizera comparait devant le parquet, ses agresseurs toujours introuvables

SOS Médias Burundi

Ce jeudi, le journaliste Willy Kwizera, correspondant de la Radio Bonesha FM, a comparu devant le parquet de Mukaza, en mairie de Bujumbura, dans le cadre de l’enquête sur la violente agression dont il a été victime le 28 avril dernier sur le campus Mutanga de l’Université du Burundi.

Le journaliste s’est présenté pour livrer sa version des faits et contribuer à l’avancement des investigations. Mais en face, le principal suspect, Audry Niyomukiza, étudiant soupçonné d’avoir orchestré l’attaque, ne s’est pas présenté, bien qu’il ait été convoqué pour ce 3 juillet à 10 heures. D’après nos informations, il se serait rendu au parquet la veille, sans justification valable pour son absence le jour prévu, ce qui retarde considérablement la procédure judiciaire.

Pendant ce temps, les autres auteurs présumés de l’agression demeurent non identifiés ou en fuite. Une situation qui suscite l’inquiétude et l’indignation de la communauté journalistique burundaise, qui appelle le parquet à mener des enquêtes rigoureuses et indépendantes pour que les responsables répondent de leurs actes.

Retour sur les faits

Le 28 avril 2025, alors qu’il menait une enquête sur les conditions de vie difficiles des étudiants, Willy Kwizera a été violemment pris à partie par six représentants d’étudiants sur le campus Mutanga. Selon son témoignage, il a été conduit de force dans un local universitaire, roué de coups — dont certains portés à l’aide d’une crosse de fusil — menacé de mort et contraint de signer des documents sous la contrainte.

Vives préoccupations

L’agression avait immédiatement suscité l’émoi. Aujourd’hui, la lenteur de l’enquête et l’absence de poursuites contre les agresseurs ravivent les inquiétudes.

« Ce n’est pas seulement l’affaire de Willy Kwizera. C’est une question de liberté de la presse au Burundi », a déclaré un confrère du journaliste, joint par SOS Médias Burundi.

Sur le plan national, la présidente du Conseil National de la Communication (CNC), Espérance Ndayizeye, a condamné l’agression dans une déclaration publique, exigeant que toute la lumière soit faite.

À l’international, Reporters Sans Frontières (RSF) et le Committee to Protect Journalists (CPJ) ont dénoncé ce qu’ils qualifient d’attaque grave contre la liberté de la presse au Burundi. Les deux organisations ont exhorté les autorités burundaises à garantir la sécurité des journalistes et à lutter contre l’impunité, soulignant que de telles agressions nourrissent un climat de peur et d’autocensure dans les rédactions.

Une attente de justice

Trois mois après les faits, les proches de Willy Kwizera et les défenseurs de la liberté de la presse attendent des signes concrets d’engagement de la justice burundaise. La comparution du journaliste, bien que nécessaire, ne saurait suffire tant que les commanditaires et auteurs de l’agression demeurent libres de leurs mouvements.

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Photo : Le reporter de la Radio Bonesha FM, Willy Kwizera, dans un studio. © DR