Burundi : la centrale hydroélectrique de Jiji marque un tournant historique dans la transition énergétique
SOS Médias Burundi
Le président de la République, Évariste Ndayishimiye, a inauguré ce mardi la centrale hydroélectrique de Jiji, implantée sur la rivière du même nom dans la commune de Songa, au sud du Burundi. Cet événement officialise la réception des travaux d’un projet majeur porté depuis plusieurs années par le gouvernement et ses partenaires.
Soutenue par un consortium de bailleurs comprenant la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’Union européenne, la centrale de Jiji s’inscrit dans une stratégie ambitieuse d’expansion de la capacité énergétique nationale. Dans un communiqué conjoint, les partenaires ont annoncé qu’une deuxième centrale, en construction sur la rivière Murembwe, sera inaugurée dans les prochains mois. Ensemble, ces deux installations devraient générer 49,7 mégawatts supplémentaires.
Une montée en puissance de la capacité énergétique
Prenant la parole lors de l’inauguration, le président Ndayishimiye s’est félicité des progrès accomplis grâce à l’appui international. « Le Burundi vient de franchir un cap important, avec une capacité énergétique portée à 118 mégawatts, contre 47,5 mégawatts en 2020, année de ma prise de fonction », a-t-il déclaré, soulignant le rôle central de ces avancées dans le développement du pays.
Il a également évoqué d’autres réalisations notables dans le secteur, comme les centrales solaires de Vugizo, Buhiga et Mubuga, toutes financées avec le soutien des mêmes partenaires. Le chef de l’État a en outre annoncé la poursuite de nouveaux chantiers, notamment les barrages projetés sur la rivière Kirasa (province de Rumonge) et Ruzizi III, un projet énergétique régional partagé avec le Rwanda et la République démocratique du Congo.
Un partenariat en cours de négociation avec l’Éthiopie vise, par ailleurs, à renforcer davantage l’approvisionnement en électricité.
Une amélioration attendue pour les foyers et les services
Saluant les avancées réalisées, le président a exhorté la REGIDESO, l’entreprise publique chargée de la distribution de l’électricité, à accélérer les projets d’accès à l’énergie et à réhabiliter les infrastructures dégradées. Il a aussi invité les citoyens à s’installer dans des villages pour faciliter la desserte en eau potable et en électricité.
Un levier pour la digitalisation et l’exploitation minière
Le président Ndayishimiye a insisté sur les retombées économiques attendues de la centrale de Jiji, en particulier pour le secteur numérique. « Cette nouvelle capacité énergétique permettra de relancer les projets de digitalisation des services publics, longtemps freinés par les pénuries d’électricité », a-t-il affirmé.
Il a également évoqué la relance du secteur minier, expliquant que le déficit énergétique avait jusqu’ici entravé l’exploitation efficace des ressources naturelles du pays.
Une main tendue aux partenaires, malgré un climat politique tendu
Dans son discours, le président a lancé un appel à la communauté internationale : « Nous vous demandons de continuer à faire confiance au gouvernement du Burundi. Vous êtes témoins de la paix, de la cohésion sociale et de la bonne gouvernance dans notre pays. »
Cet appel survient dans un contexte politique tendu, quelques semaines après les élections législatives et communales du 5 juin 2025, entérinées le 20 juin par la Cour constitutionnelle. Le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, a remporté la totalité des sièges à l’Assemblée nationale. Les recours déposés par l’opposition ont été rejetés.
Plusieurs acteurs, dont l’Église catholique, ont cependant dénoncé de graves irrégularités : bourrages d’urnes, pressions sur les électeurs, votes publics, expulsions de mandataires et absence d’observateurs lors des dépouillements.
Malgré ces accusations, le président affirme que le pays avance dans la bonne direction : « Si demain nous faisons appel à votre intervention, ne pensez pas que nous voulons vous faire perdre du temps », a-t-il conclu.
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Photo : Le président Ndayishimiye, entouré d’autres officiels burundais, dont le ministre en charge de l’Énergie, et des partenaires au développement, procède à l’inauguration du barrage de Jiji. © Présidence du Burundi
