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Cibitoke : une femme expulsée pour une liaison présumée, le gouverneur annule une décision illégale

SOS Médias Burundi

Dans un geste salué par les défenseurs des droits humains, le gouverneur de la province de Cibitoke, Carême Bizoza, a annulé une décision controversée de l’administrateur de la commune de Rugombo, Gilbert Manirakiza. Ce dernier avait ordonné l’expulsion d’une citoyenne sans respecter les procédures légales, suscitant une vive indignation locale.

Dans une lettre officielle référencée n° 531.05/336/2025 datée du 27 juin 2025, le gouverneur a annulé, avec effet immédiat, la décision n° 532.0506/46/2025 prise la veille par l’administrateur communal. Celle-ci visait à expulser Jeannine Uwizeyimana, résidante de Mparambo II en commune Rugombo, originaire de Bugabira, dans la province de Kirundo (nord du Burundi).

L’administrateur Manirakiza justifiait cette mesure par le fait que Mme Uwizeyimana aurait « troublé l’ordre public » en entretenant une relation avec Alfred Ntahimpera, un homme marié dont l’épouse légitime, Yvonne Ndereyimana, travaille à l’étranger dans un pays du Golfe.

Peu après avoir rédigé sa décision, l’administrateur avait demandé à la police locale de procéder à l’expulsion. L’affaire a rapidement été portée à la connaissance des autorités provinciales.

Le gouverneur Bizoza a rappelé, dans sa correspondance, que l’article 33 de la Constitution du Burundi garantit à tout citoyen le droit de résider et de circuler librement sur l’ensemble du territoire national. Il a jugé la décision de l’administrateur illégale et porteuse d’une atteinte grave aux droits fondamentaux.

« Si un administrateur estime qu’un comportement est immoral ou nuit à la stabilité d’un ménage, il doit saisir la justice. Il ne peut en aucun cas se substituer aux tribunaux », a fermement déclaré le gouverneur, appelant les autorités locales à un strict respect de la loi.

Cette annulation a été largement saluée par plusieurs organisations de défense des droits des femmes actives dans la province. Certaines ont rappelé des cas similaires survenus dans les communes voisines de Mabayi et Mugina, où des femmes non originaires de la région avaient été visées par des tentatives d’expulsion arbitraires, également annulées par la suite.

« Lorsque des administrateurs décident arbitrairement du sort de citoyens, c’est l’État de droit qui vacille », a réagi un défenseur des droits humains basé à Cibitoke.

En guise d’avertissement, le gouverneur Bizoza a prévenu que tout administrateur qui bafoue la loi pourrait faire face à des poursuites judiciaires. Une prise de position ferme, perçue comme un signal fort en faveur du respect des droits humains, indépendamment du genre ou de l’origine géographique.

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Photo : Des commerçantes, y compris celles originaires d’autres régions, sur un marché géré par le gouvernement dans la commune de Rugombo. © SOS Médias Burundi