Ruyigi : des barrières illégales entravent la liberté de mouvement des réfugiés
SOS Médias Burundi
Ruyigi, 26 juin 2025 — Des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir Conseil National pour la Défense de la Démocratie – Forces de Défense de la Démocratie (CNDD-FDD), les Imbonerakure, érigent des barrages qui ciblent les réfugiés des camps de Nyankanda et Bwagiriza, exigeant de l’argent pour les laisser passer.
Dans les communes de Butezi et Bweru, situées dans la province de Ruyigi, à l’est du Burundi, des réfugiés font face à une situation préoccupante. Trois barrières non officielles, mises en place par de jeunes militants du CNDD-FDD, perturbent la vie des réfugiés vivant dans les camps de Bwagiriza et Nyankanda.
Ces barrages sont installés sur les collines de Kwisumo et Nyakayi (commune de Butezi), ainsi qu’à Kayongozi (commune de Bweru), à environ 8 kilomètres du camp de Nyankanda. Ils visent principalement les réfugiés qui se rendent aux marchés locaux, notamment ceux de Ruyigi et de Kayongozi, pour se procurer des biens de première nécessité.
Cependant, sans le billet de sortie délivré par l’administration du camp, ces réfugiés sont contraints de verser de l’argent pour passer.
Des témoignages accablants
Éméline, une réfugiée du camp de Nyankanda, raconte son calvaire :
« Je suis partie au marché de Kayongozi pour faire réparer mon téléphone. Arrivée à la barrière de Kayongozi, trois jeunes Imbonerakure que j’ai rencontrés m’ont demandé le billet de sortie. Je ne l’avais pas. Ce n’était pas un jour de délivrance. Comme je ne l’avais pas, ils m’ont demandé 2 000 francs burundais. Sans cet argent, je ne pouvais pas continuer. »
Ce système informel de taxation illégale constitue une entrave grave à la liberté de mouvement des réfugiés, pourtant garantie par les lois nationales et les conventions internationales.
Ernest, réfugié au camp de Bwagiriza, évoque des démarches restées sans suite :
« Nous avons beaucoup plaidé auprès du HCR et de l’Office National de Protection des Réfugiés et des Apatrides (ONPRA). Nous leur avons demandé d’intervenir pour faire enlever ces barrières. Mais jusqu’à présent, rien n’a été fait. Ces jeunes continuent de nous extorquer de l’argent chaque semaine. »
Une inquiétude grandissante
Les réfugiés craignent que ces pratiques ne se généralisent et ne s’enracinent durablement, faute d’action des autorités locales. Beaucoup préfèrent désormais rester dans les camps, par peur de l’humiliation ou de nouvelles extorsions.
La persistance de ces barrières constitue une violation flagrante des droits des réfugiés et accentue leur vulnérabilité.
Notons que les camps de Bwagiriza et Nyankanda accueillent plus de 20 000 réfugiés congolais.
Les Imbonerakure, un rôle reconnu par les autorités
Il est important de souligner que les Imbonerakure participent, sur l’ensemble du territoire national, à des rondes nocturnes aux côtés de la police et à la sécurisation des frontières aux côtés de l’armée, un rôle officiellement reconnu et salué par les autorités burundaises. Le président Évariste Ndayishimiye lui-même a, à plusieurs reprises, encouragé les Imbonerakure à renforcer leur vigilance dans la protection du pays.
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Photo : des parents et des élèves dans la cour d’une école située dans un camp de réfugiés congolais à l’est du Burundi © SOS Médias Burundi
