Mukaza : Bière ou or ? L’administration menace les spéculateurs de la bière produite par la Brarudi
SOS Médias Burundi
Bujumbura, 26 juin 2025 — L’administrateur de la commune urbaine de Mukaza dans la ville commerciale Bujumbura, Florent Nkezabahizi, a lancé ce mardi un avertissement sévère aux détenteurs de débits de boissons opérant dans sa juridiction. Il leur a ordonné de se conformer strictement aux prix officiels des produits de la Brasserie et Limonaderie du Burundi (Brarudi), en fonction des licences d’exploitation délivrées. Tout contrevenant s’expose à une amende d’un million de francs burundais ou plus, assortie d’une peine d’emprisonnement. Il l’a déclaré lors d’une réunion avec les concernés.
Cette réunion, convoquée avec les administratifs et les forces de sécurité, visait à freiner les pratiques spéculatives observées sur le marché de la bière, notamment autour de produits très prisés comme l’Amstel ancienne formule, l’Amstel Royale et la Bock.
Ruptures et spéculations : les commerçants à bout de patience
Les commerçants présents n’ont pas caché leur frustration. Ils dénoncent des irrégularités persistantes dans la chaîne de distribution, affirmant que certaines boissons sont détournées vers d’autres zones, voire exportées vers des pays voisins avant de réapparaître au Burundi à des prix exorbitants.
« On parle d’un produit comme l’Amstel grande-65 cl, dont le prix officiel est de 3 500 francs, mais qui se retrouve à plus de 18 000 francs ! C’est du jamais vu ! », s’indigne un habitant de Bujumbura. « Ce genre de hausse, autrefois réservée aux restaurants VIP, touche désormais les petites boutiques de quartier. »
Pour certains commerçants, ces produits sont devenus aussi rares que des substances illicites. « Il faut supplier ceux qui en détiennent, c’est honteux ! », déplore un intervenant.
Une crise alimentée par les exportations
Le représentant de la Brasserie et Limonaderie du Burundi (Brarudi), présent à la réunion, a tenté de justifier la situation en évoquant les besoins économiques de l’entreprise. Selon lui, vendre ces boissons à l’étranger, notamment en République Démocratique du Congo, permet de générer des devises essentielles à l’achat de matières premières.
Mais les commerçants locaux estiment que cette politique pénalise la population burundaise. Ils appellent la Brarudi à augmenter sa production pour satisfaire en priorité la demande nationale et mettre fin à la flambée des prix provoquée par la rareté des stocks.
Depuis plusieurs années, la petite nation de l’Afrique de l’Est fait face à une pénurie de boissons qui touche l’ensemble de son territoire. Cette situation persistante alimente les spéculations et crée un climat de forte tension sur les marchés.
Une capitale économique sous pression
Mukaza, qui concentre la majorité des restaurants VIP et hôtels de haut standing de la capitale économique, est particulièrement touchée par cette crise. L’administrateur Nkezabahizi a eu du mal à contenir la colère des bistrotiers visiblement à bout de patience. Il a néanmoins réaffirmé son engagement à faire respecter la réglementation.
« Il est grand temps que cette situation change », a conclu un commerçant. « La population en a assez de cette misère croissante, où la survie devient un exercice quotidien de résilience. »
Face à cette crise persistante, les attentes sont fortes envers les autorités et la Brarudi pour restaurer l’accès équitable aux boissons et apaiser une population déjà éprouvée.
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Photo : les dépôts de la Brarudi dans la capitale politique Gitega. L’administration de la commune urbaine de Mukaza menace de sévères sanctions contre les spéculateurs, alors que les boissons se font de plus en plus rares © SOS Médias Burundi
