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Cibitoke : six jeunes Congolais détenus dénoncent des accusations mensongères et de mauvais traitements

SOS Médias Burundi

Cibitoke, 26 juin 2025 — Six jeunes Congolais originaires de Kamanyola, dans la province du Sud-Kivu en République démocratique du Congo, sont incarcérés depuis une semaine au cachot du commissariat provincial de la police de Cibitoke, au nord-ouest du Burundi.


Accusés d’appartenir au mouvement rebelle M23, ce qu’ils réfutent catégoriquement, ils dénoncent des conditions de détention inhumaines, des violences physiques et le vol de leurs biens.

Arrestation musclée

Les six jeunes expliquent avoir fui l’insécurité dans leur région et la rébellion du M23. Ils tentaient, selon eux, de rejoindre Uvira en passant par le territoire burundais.
« Nous avons traversé la rivière Rusizi au niveau de la colline Rukana, commune Rugombo. On voulait gagner Luvungi à pied », racontent-ils.

Mais leur parcours s’est arrêté le vendredi 20 juin 2025, vers 16 heures. Ils disent avoir été interceptés par des Imbonerakure, membres de la ligue des jeunes affiliée au CNDD-FDD, le parti au pouvoir au Burundi.
« Ils nous ont sauvagement battus et dépouillés. Ils ont pris nos vêtements et plus de 500 dollars américains », accusent-ils. Les jeunes auraient ensuite été remis à la police.

D’abord enfermés dans le cachot du marché moderne de Rugombo, ils ont ensuite été transférés au cachot de la commune Rugombo, avant d’être conduits, deux jours plus tard, dans celui du commissariat provincial de Cibitoke.

Des conditions de détention alarmantes

Selon des sources locales, les conditions dans ce cachot sont particulièrement préoccupantes.
Plus de 100 détenus y sont entassés alors que l’espace ne peut en accueillir que 40. « Certains dorment debout, faute de place », confie une source sur place. Des cas de toux, de maladies cutanées et d’infections liées au manque d’hygiène y sont signalés. Quinze détenus présenteraient déjà des complications graves.

Les six jeunes Congolais rejettent en bloc les accusations d’appartenance au M23. Ils demandent leur libération immédiate, la restitution de leurs biens et réclament que leurs droits soient respectés.

Une enquête en cours

Contacté par SOS Médias Burundi, le procureur du parquet de la République de Cibitoke affirme avoir ouvert une enquête. « Si aucune preuve ne les relie aux accusations, ils seront libérés », a-t-il assuré.

Le procureur a également annoncé la mise en place d’une commission de magistrats chargée de statuer sur les cas des détenus pour désengorger le cachot provincial. Les personnes poursuivies pour des crimes graves seront transférées vers la prison centrale de Mpimba à Bujumbura, la capitale économique.

En attendant, les jeunes Congolais demandent à être auditionnés individuellement, comme le prévoit la loi burundaise, et souhaitent que justice leur soit rendue dans le strict respect des droits humains.

La guerre du M23

Le M23 est une ancienne rébellion tutsie ayant repris les armes fin 2021, reprochant aux autorités congolaises de n’avoir pas respecté leurs engagements sur la réinsertion de ses combattants.
Depuis janvier 2025, le M23 contrôle désormais les chefs-lieux des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, ainsi que plusieurs autres zones stratégiques riches en minerais, dont Kamanyola, la région d’origine des six jeunes arrêtés.

Dans cette guerre, le Burundi a déployé environ 10.000 militaires en soutien aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et aux milices Wazalendo appuyées par les autorités congolaises, contre le M23.

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Photo : des nouveaux réfugiés congolais acceullis en province de Cibitoke, dans le nord-ouest du Burundi, frontalière avec le Congo, le 18 février 2025 © SOS Médias Burundi