Kakuma (Kenya) : l’aide en cash suspendue, les réfugiés désemparés

SOS Médias Burundi
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a suspendu l’assistance monétaire dans le camp de Kakuma et son extension de Kalobeyei, dans le nord-ouest du Kenya. Cette décision, motivée par la baisse des financements internationaux, affecte plus de 200 000 réfugiés, dont des milliers de Burundais. La réduction parallèle des rations alimentaires aggrave une situation déjà critique.
Depuis début juin, les réfugiés de Kakuma ne reçoivent plus d’aide financière directe. Le HCR explique cette suspension par un manque de fonds, notamment en raison du désengagement progressif de plusieurs donateurs clés. L’USAID, qui assurait à elle seule plus de 60 % du financement de l’aide humanitaire pour environ 80 % de la population du camp, figure parmi les partenaires qui se sont retirés.
Le HCR avertit : à défaut de nouveaux financements, la situation pourrait rapidement se détériorer. Faute de ressources suffisantes, l’agence onusienne entend désormais concentrer ses efforts sur les services essentiels, en particulier la santé.
Rations alimentaires réduites et assistance ciblée
Parallèlement à la suspension de l’aide en espèces, la ration alimentaire distribuée en nature a été réduite. Cette mesure s’inscrit dans une nouvelle stratégie d’assistance différenciée, basée sur un classement des réfugiés en trois catégories selon leur niveau supposé d’autonomie économique :
La première regroupe les réfugiés jugés autonomes, souvent détenteurs d’un commerce, employés d’agences humanitaires ou disposant de revenus stables. Ils ne recevront plus aucune assistance.
La deuxième concerne ceux ayant des revenus modestes. Ils continueront à bénéficier de la moitié de leur ration habituelle.
La troisième catégorie, la plus vulnérable, inclut les personnes âgées, les handicapés, les veuves, les orphelins et les enfants non accompagnés. Ceux-ci recevront le double de leur ration habituelle.
Des critères contestés et des voix qui s’élèvent
Cette nouvelle approche soulève de nombreuses critiques au sein du camp. Plusieurs réfugiés dénoncent un processus opaque, entaché d’« irrégularités », et jugent les critères de classement arbitraires et injustes. « Ce tri est inhumain. Il ne tient pas compte des réalités individuelles », confie un réfugié burundais. Des appels se multiplient pour que le HCR réévalue sa stratégie et tienne compte des besoins réels des familles.
En réponse, l’agence encourage les réfugiés à renforcer leur autonomie en s’intégrant davantage dans les communautés hôtes et en développant des activités génératrices de revenus. Mais pour nombre d’entre eux, déjà en situation de grande précarité, cette perspective semble hors de portée.
Une pression croissante sur un camp surpeuplé
Créé en 1992 pour accueillir les populations fuyant les conflits régionaux, le camp de Kakuma abrite aujourd’hui plus de 200 000 réfugiés, venus principalement du Soudan du Sud, du Burundi, de la RDC, de la Somalie et de l’Éthiopie. On y compte plus de 25 000 réfugiés burundais. Le camp est divisé en quatre zones principales, auxquelles s’ajoute l’extension de Kalobeyei.
Face à la réduction progressive de l’aide humanitaire, les tensions montent. La suspension de l’assistance en espèces et la réduction des rations laissent présager une crise humanitaire encore plus profonde. Beaucoup redoutent que l’insécurité alimentaire, déjà palpable, ne se transforme en véritable drame.
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Photo : Des réfugiés manifestent pour exiger l’accès à la ration et à l’eau potable à Kakuma, le 28 février 2025. © SOS Médias Burundi

