Derniers articles

Burundi : double imposition contestée dans les marchés publics, la colère monte chez les commerçants

SOS Médias Burundi

La tension monte dans plusieurs marchés burundais placés sous gestion gouvernementale. En cause : l’Office Burundais des Recettes (OBR) exige que les commerçants s’acquittent une seconde fois de l’impôt locatif pour les années 2023 et 2024, sous peine de perdre leur emplacement. Une décision perçue comme arbitraire et injuste par les concernés, qui dénoncent une forme déguisée de double imposition.

Selon les témoignages recueillis, les commerçants affirment avoir déjà réglé cet impôt via un compte bancaire communiqué à l’époque par les services de l’OBR, domicilié à l’Interbank Burundi. Or, dans un communiqué diffusé le 26 mai 2025, l’administration fiscale indique que ce compte n’est désormais plus reconnu. Elle enjoint les commerçants à verser leurs paiements exclusivement sur un nouveau compte ouvert à la Bancobu e’noti. À défaut, ils s’exposent à des mesures strictes : fermeture immédiate de leurs stands et expulsion du marché.

Cette exigence a provoqué un tollé dans les rangs des commerçants.

« C’est du vol organisé », dénonce un commerçant du marché de Bubanza, dans l’ouest du pays, préférant garder l’anonymat. « Nous avons payé selon les instructions officielles. Et maintenant, on nous dit que ces paiements ne comptent plus ? »

Le mécontentement ne se limite pas à Bubanza. Selon plusieurs sources, la même situation se répète dans de nombreux marchés publics à travers le pays. Alertés, certains responsables administratifs provinciaux ont pris part à des réunions de concertation avec les commerçants et les agents de l’OBR. À Bubanza, il aurait été promis que les montants versés sur le compte de l’Interbank Burundi seraient remboursés.

Mais ces engagements laissent sceptiques.

« C’est un mensonge. Ils veulent nous forcer à payer deux fois. C’est une façon déguisée de nous extorquer de l’argent », affirme un autre commerçant.

Jusqu’à présent, l’OBR n’a fourni ni explication claire sur l’invalidation du compte précédent, ni détails concrets sur le mécanisme de remboursement promis. Ce flou alimente la frustration des commerçants, déjà fragilisés par une conjoncture économique tendue.

Face à la menace d’expulsions imminentes, plusieurs commerçants appellent à une mobilisation générale pour exiger transparence et garanties avant tout nouveau versement. En l’absence de réponse satisfaisante, les marchés sous gestion gouvernementale pourraient devenir les foyers de tensions croissantes entre l’administration fiscale et les opérateurs économiques.

Pour beaucoup, cette crise illustre les dysfonctionnements plus profonds de la gestion publique au Burundi — entre manque de communication, rigidité bureaucratique et climat d’incertitude fiscale.

_____________________________________________________________

Photo : Des commerçantes dans un marché géré par le gouvernement dans le nord-ouest du Burundi. © SOS Médias Burundi