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Kirundo : Une femme enceinte décède à l’hôpital régional, négligence médicale et corruption au cœur des accusations

Une tragédie survenue à l’hôpital régional de Kirundo, dans le nord du Burundi, met en lumière des défaillances alarmantes dans le système de santé public. Une femme enceinte, transférée en urgence depuis le centre de santé de Ntega, y est décédée après ce qui est décrit comme une grave négligence médicale. Son décès a suscité l’indignation dans la communauté locale et ravivé les critiques contre le fonctionnement de l’établissement.

Admise à l’hôpital le jeudi 19 juin, la patiente avait été référée après qu’une échographie eut révélé que le fœtus était déjà décédé in utero. Mais selon ses proches, aucune intervention n’a été entreprise pour extraire l’enfant. « J’ai alerté les soignants pour qu’ils fassent quelque chose, mais ils se sont contentés de lui administrer des antibiotiques. Personne n’est intervenu », déplore son beau-frère, encore sous le choc.

Le vendredi, l’état de santé de la femme s’est brusquement détérioré. « Son ventre avait gonflé. Quand je suis entré dans la chambre, elle était allongée, immobile, dans un état critique », raconte-t-il. Malgré les alertes répétées adressées au personnel soignant et au médecin responsable de la maternité, aucune opération n’a été pratiquée. La patiente est décédée le samedi après-midi, laissant sa famille dans l’incompréhension et la douleur.

Un signalement a été transmis aux autorités sanitaires, mais à ce jour, aucun retour officiel n’a été communiqué à la famille.

Un personnel médical dramatiquement insuffisant

Ce décès tragique relance les interrogations sur les capacités de l’hôpital régional de Kirundo. D’après plusieurs sources internes, l’établissement ne dispose que de quatre médecins en activité : deux Burundais et deux Congolais. Un effectif largement insuffisant pour un hôpital de référence desservant toute une province.

Les habitants dénoncent une situation intenable et demandent des mesures urgentes pour garantir un accès digne et sécurisé aux soins de santé. « Trop de vies sont sacrifiées à cause du manque de personnel qualifié. Il faut que cela cesse », déclare un résident de Kirundo joint par SOS Médias Burundi.

Soupçons de corruption : des agents sanctionnés

À cette pénurie de personnel s’ajoutent des pratiques de corruption qui ternissent la réputation de l’hôpital. Deux techniciens médicaux ont récemment été mutés pour avoir exigé de l’argent à des patients avant de leur prodiguer des soins. Une sanction prise par le directeur de la province sanitaire de Kirundo, et saluée par une partie du personnel.

Ces agents étaient réputés proches du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, ce qui les aurait rendus longtemps intouchables. Leur influence aurait installé un climat de peur et de méfiance au sein du personnel, compromettant davantage le bon fonctionnement de l’établissement.

Une gestion hospitalière sous pression

Le directeur de l’hôpital régional n’échappe pas aux critiques. Plusieurs employés et patients l’accusent de mauvaise gestion et de tolérance vis-à-vis des abus internes. Pour de nombreux observateurs, sa responsabilité est engagée dans les dysfonctionnements répétés qui affectent le service.

Face à l’émotion provoquée par ce nouveau drame, la population exige un audit indépendant, des réformes structurelles, et un engagement fort des autorités sanitaires pour restaurer la confiance dans l’hôpital de Kirundo.

À l’heure de la publication de cet article, les responsables de l’établissement n’avaient pas encore répondu aux sollicitations de SOS Médias Burundi.

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Photo : Dans une structure sanitaire du Burundi, une femme rurale attend une prise en charge médicale. © SOS Médias Burundi