Gikungu : une agente de transfert d’argent abattue par un militaire en activitéSOS Médias Burundi

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Chantal Nizigiyimana, agente de transfert d’argent, a été tuée par balle ce lundi matin à Gikungu par un militaire en activité. Le suspect aurait tendu un piège à la victime avant de l’abattre et de s’enfuir avec de l’argent et des téléphones. Ce drame relance les inquiétudes sur la sécurité des petits opérateurs économiques à Bujumbura.
Le quartier Gikungu, situé en zone Gihosha, commune Ntahangwa (nord de Bujumbura), a été secoué ce lundi matin par un acte d’une rare violence. Chantal Nizigiyimana, une agente de transfert d’argent, a été tuée par balle par un militaire en activité, selon plusieurs témoins présents sur les lieux.
Originaire de la colline Mugozi, dans la commune et province de Bururi (sud du pays), la victime vivait à Gikungu, où elle exerçait ses activités commerciales.
D’après les premiers éléments recueillis, le militaire, vêtu de son uniforme, aurait d’abord effectué une opération financière auprès de la jeune femme. Il lui aurait ensuite proposé de l’accompagner dans un autre endroit pour retirer une somme d’argent supplémentaire. Confiant, Chantal aurait accepté.
Mais à quelques dizaines de mètres de son point de travail, dans une zone plus isolée, le militaire aurait sorti son arme et tiré à bout portant, la tuant sur le coup. Il aurait ensuite fouillé son sac, emportant une somme d’argent non précisée ainsi que deux téléphones Android.
Jusqu’en fin de journée, ni l’administration locale ni le haut commandement militaire n’avaient réagi officiellement à ce meurtre. L’identité du militaire reste inconnue, tout comme ses motivations.
Le drame a profondément choqué les habitants du quartier, qui réclament des explications et une action rapide. « Il faut que ce criminel soit arrêté et jugé. Nous avons peur pour notre sécurité », a déclaré un témoin, encore sous le choc.
Les agressions contre les agents de transfert d’argent et les petits commerçants se sont multipliées ces dernières années à Bujumbura. Des policiers sont régulièrement pointés du doigt pour des actes d’extorsion, de violences ou de confiscation de biens. Malgré les plaintes, les sanctions restent rares.
Cette fois, c’est un militaire qui est mis en cause, signe d’une escalade inquiétante. « Ces femmes et jeunes commerçants sont devenus des cibles faciles. Ils manipulent de l’argent liquide, souvent sans aucune protection, et les autorités ferment les yeux sur les abus », alerte un membre d’une organisation de défense des droits humains basée à Bujumbura.
Le meurtre de Chantal Nizigiyimana relance une fois de plus le débat sur la sécurité des petits opérateurs économiques dans la capitale.
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Photo : Une commerçante ambulante embarquée de force à l’arrière d’un pick-up de la brigade anti-émeute à Bujumbura. Les commerçantes de rue et agentes de transfert d’argent dénoncent des violences récurrentes de la part des forces de l’ordre © SOS Médias Burundi