Bukavu : les Banyamulenge continuent d’être victimes d’exactions de la part des Wazalendo
Bukavu, 12 juin 2025 – De nouvelles violences ont été signalées ce mercredi dans le territoire d’Uvira, au Sud-Kivu, à l’est du Congo. Des policiers, des enseignants et des femmes Banyamulenge, en déplacement vers Bijombo, ont été arrêtés, torturés et dépouillés par des éléments des Wazalendo, selon plusieurs sources locales.
Parmi les victimes figurent sept policiers, quatre enseignants et deux femmes. Ils affirment avoir été interceptés par les hommes des généraux autoproclamés Landabango et Alexis Dunia, alors qu’ils étaient en route vers Bijombo sous escorte de soldats burundais. Les Wazalendo les auraient ensuite arrêtés, accusés d’appartenir au M23.
« Ils nous ont battus, volé notre argent, pris nos armes, nos vêtements et nos chaussures, en disant que nous sommes les Rwandais et que nous ne devrions pas porter l’uniforme de la police congolaise », a témoigné l’un des policiers.
Plusieurs victimes présentent des blessures à la tête, aux côtes et aux jambes, et certains souffrent de traumatismes psychologiques sévères, selon des témoignages recueillis sur place. Des policiers et enseignants Banyamulenge, visiblement traumatisés, ont pu être libérés grâce à l’intervention du maire adjoint de la ville d’Uvira. Ils ont pu regagner leurs familles ce mercredi soir.
Face à cette situation, plusieurs organisations locales, dont le CEPCC (Collectif d’Éveil pour la Paix et la Cohabitation Communautaire), ont adressé une lettre ouverte au gouverneur du Sud-Kivu pour dénoncer ces actes et réclamer une intervention urgente des autorités.
« Être Munyamulenge n’est pas un crime. Cette guerre ne doit pas conduire à l’exclusion d’une communauté entière », peut-on lire dans la lettre. « Les agents de l’État ont été arrêtés, battus et dépouillés simplement à cause de leur morphologie, assimilée au M23. »
Le document souligne également la gravité de l’incident, qui se serait déroulé entre 11h et 13h, depuis la chefferie de Bavira jusqu’à un campement des Wazalendo dirigé par le général Dunia.
Les Banyamulenge ne sont pas les seuls à dénoncer des abus. Des membres de la communauté Shi, circulant dans les zones de Fizi, Baraka, Uvira et la plaine de la Ruzizi, affirment également être la cible de tracasseries de la part des mêmes groupes armés.
En mai dernier, Human Rights Watch a publié un rapport accablant sur les exactions commises par les groupes Wazalendo au Sud-Kivu, mentionnant spécifiquement les attaques contre les Banyamulenge et d’autres communautés locales.
Les Wazalendo, des milices locales soutenues par les autorités congolaises, bénéficieraient de l’appui de la Force de défense nationale du Burundi (FDNB) ainsi que de membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, les Imbonerakure.
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Photo : un policier issu de la communauté Banyamulenge blessé à la tête par des miliciens Wazalendo, dans le territoire d’Uvira (RD Congo), le mercredi 11 juin 2025. Il faisait partie d’un groupe intercepté et torturé alors qu’il se rendait à Bijombo sous escorte burundaise © DR
