Rango : des élèves batwas tiraillés entre école et survie

SOS Médias Burundi
En commune Rango, dans la province de Kayanza, au nord du Burundi, les enfants issus de la communauté batwa luttent chaque jour pour rester à l’école. Coincés entre la pauvreté chronique de leurs familles et le désir d’apprendre, ils alternent entre les salles de classe et les petits boulots nécessaires à leur survie. Un équilibre précaire qui met sérieusement en péril leur avenir scolaire, alertent les autorités locales.
Dans cette région enclavée, la scolarisation des enfants batwas demeure un défi majeur. Bon nombre d’entre eux, issus de familles vivant dans une extrême précarité, se voient contraints de vendre de la paille ou de se livrer à d’autres activités de fortune. Objectif : réunir de quoi acheter cahiers, stylos ou simplement contribuer aux repas du foyer.
Un système éducatif sous tension
Ernest Bacimanza, directeur communal de l’éducation à Rango, tire la sonnette d’alarme :
« Ces enfants ont besoin d’un accompagnement urgent pour rester à l’école. Sans soutien, ils risquent d’abandonner définitivement. »
Selon lui, ces élèves arrivent souvent en classe épuisés, et leur présence reste irrégulière. Absents plusieurs jours d’affilée, leur apprentissage s’en trouve considérablement entravé. Le manque de moyens pousse de nombreuses familles à impliquer les enfants dans des tâches qui, bien que vitales pour la survie du foyer, les éloignent peu à peu du système éducatif.
Un appel à la solidarité
Face à cette situation alarmante, M. Bacimanza plaide pour une mobilisation plus large des acteurs sociaux : associations locales, ONG, bienfaiteurs. Tous sont appelés à agir :
« Il faut des aides ciblées, que ce soit en fournitures scolaires, en repas ou en frais de scolarité. »
Un enjeu de dignité pour toute une communauté
Dans un pays où la communauté batwa reste fortement marginalisée, l’accès à l’éducation représente bien plus qu’un droit : c’est une condition nécessaire à l’émancipation sociale. Pour ces enfants, chaque jour passé à l’école est une victoire contre l’exclusion. Mais encore faut-il qu’ils puissent y aller le ventre plein, et l’esprit libre.
_______________________________________________
Photo : Une maman de la communauté Batwa avec ses deux filles qu’elle parvient à scolariser tant bien que mal, en commune Rango, au nord du Burundi © SOS Médias Burundi