Bururi : deux opposants condamnés pour infractions électorales, un troisième acquitté

SOS Médias Burundi
Deux membres de l’opposition ont été condamnés samedi soir à Bururi pour des faits liés au processus électoral, tandis qu’un troisième a été relaxé. Des voix s’élèvent pour dénoncer un traitement partial.
Le tribunal de grande instance de Bururi, situé dans le sud du Burundi, a rendu samedi soir ses verdicts dans un procès en flagrance visant trois membres de partis d’opposition, accusés d’infractions liées au processus électoral. Deux d’entre eux ont été condamnés, tandis que le troisième a été acquitté.
Parmi les condamnés figure Juvenal Kabura, militant du Congrès national pour la liberté (CNL) et membre du conseil communal de Songa. Il a été reconnu coupable de corruption électorale, accusé d’avoir distribué de l’argent à Matana dans le but d’influencer les électeurs. Le tribunal lui a infligé une amende de 800 000 francs burundais, faute de quoi il devra purger une peine d’un an de servitude pénale.
Le second condamné est Ernest Manirakiza, mandataire du parti APDR. Il a été arrêté à Bitezi en possession de trois cartes d’électeurs, ce qui lui a valu des poursuites pour tentative de perturbation du processus électoral. Il a écopé d’une amende de 400 000 francs burundais, avec une peine subsidiaire de deux ans de servitude pénale en cas de non-paiement.
En revanche, Marc Ndabicamwo, originaire de la colline Kiremba, également dans la province de Bururi, a été acquitté. Il était accusé d’avoir tenté de perturber le déroulement des élections en zone Muzenga, des faits qu’il a toujours niés, dénonçant des accusations « sans fondement ».
Des verdicts remis en question par la population locale
Alors que les autorités judiciaires assurent avoir agi en toute indépendance, plusieurs habitants du chef-lieu de la province émettent de sérieux doutes sur l’impartialité de ces jugements. Certains y voient un traitement inéquitable, ciblant particulièrement les membres de l’opposition.
« Aucune personne affiliée au parti au pouvoir n’a été inquiétée, alors que des fraudes massives ont été documentées dans notre province, notamment par les Imbonerakure – la ligue des jeunes du CNDD-FDD – et certains membres des bureaux de vote soutenus par les autorités administratives », affirme un habitant de Bururi, sous couvert d’anonymat.
Un climat électoral de plus en plus tendu
Ces décisions de justice s’inscrivent dans un contexte politique particulièrement tendu, marqué par des accusations récurrentes d’intimidation et d’irrégularités électorales à l’encontre de l’opposition. Plusieurs formations politiques dénoncent le rôle joué par les structures locales du CNDD-FDD, parti au pouvoir, dans le harcèlement de leurs membres et sympathisants.
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Photo : Un centre de vote ayant ouvert tôt le matin dans l’est du Burundi pour les législatives et communales du 5 juin 2025 © SOS Médias Burundi