Cibitoke : intimidations électorales nocturnes, les Imbonerakure accusés de violences ciblées

SOS Médias Burundi
Cibitoke, 5 juin 2025 – À quelques heures des élections législatives et communales prévues ce jeudi 5 juin, un climat de peur s’est installé dans plusieurs collines de la province de Cibitoke, au nord-ouest du Burundi. Des habitants de différentes localités, notamment dans les communes de Buganda, Mugina, Rugombo et le chef-lieu de province, dénoncent des descentes nocturnes menées par des membres des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Des actes d’intimidation et de violences ciblées auraient visé des électeurs perçus comme proches de l’opposition, notamment du Congrès National pour la Liberté (CNL).
Des témoins rapportent que ces descentes ont eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi. Des groupes d’Imbonerakure auraient parcouru les collines en allant de maison en maison. « Ils nous ont dit clairement que nous devions voter pour le CNDD-FDD, sinon nous saurions ce qui nous attend », témoigne, sous anonymat, un habitant de Buganda.
Selon plusieurs sources locales, les militants du parti au pouvoir auraient arraché de force certaines cartes d’électeur, en particulier à des partisans supposés du CNL. Des cas de violences physiques ont également été signalés. D’autres habitants affirment avoir reçu des offres d’argent – jusqu’à 5 000 francs burundais – en échange de leur vote, une tentative de corruption déguisée, selon eux, en « sensibilisation électorale ».
Mais ce qui trouble le plus, selon plusieurs témoins, c’est l’aspect systématique de ces opérations nocturnes. « Cela ressemble à une stratégie bien coordonnée, qui vise à museler par la peur », estime un cadre local du CNL à Rugombo.
Face à ces allégations, plusieurs partis d’opposition tirent la sonnette d’alarme. Ils appellent la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), ainsi que les observateurs, tant nationaux qu’internationaux, à intervenir sans délai.
De leur côté, les responsables locaux des Imbonerakure rejettent en bloc les accusations. « Il s’agit de rumeurs orchestrées pour ternir notre image. Nous sommes sûrs de notre victoire. Il n’y a aucune raison d’intimider qui que ce soit », a réagi un responsable de la ligue à Mugina.
Alors que les Burundais s’apprêtent à voter ce jeudi 5 juin, de nombreux habitants de Cibitoke disent craindre pour leur sécurité. « Nous voulons voter librement, sans peur », répètent-ils, la voix lasse et l’espoir vacillant.
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Photo d’illustration : des Imbonerakure en parade militaire à Cibitoke, dans le nord-ouest du Burundi. Ils sont accusés de violences ciblées contre des opposants © SOS Médias Burundi