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Bujumbura : Entre intimidations, résignation et espoirs, des électrices témoignent en ce jour de vote

SOS Médias Burundi

À Bujumbura, en ce jour de scrutin du 5 juin 2025, plusieurs femmes électrices ont livré à SOS Médias Burundi des témoignages empreints de résignation, d’inquiétude et de revendications. Derrière le calme apparent, leurs récits révèlent des tensions latentes, marquées par la peur, le désenchantement politique et les difficultés de la vie quotidienne.

Au bureau de vote du Lycée Municipal de Gihosha, N. E. avoue être venue voter sous la contrainte. Sa peur : les Imbonerakure, les jeunes affiliés au parti au pouvoir, très présents dans son quartier.

« J’ai besoin de cette maudite encre sur le doigt pour prouver que j’ai voté. Sinon, je risque des représailles », lâche-t-elle d’une voix tendue.

Sans cacher son désarroi, elle explique n’avoir été convaincue par aucun programme électoral.

« Je suis en colère contre le parti présidentiel. J’espère que les prochains élus sauront faire la différence », confie-t-elle avec amertume.

Vers 8h, le bureau était déjà bien rempli, et aucun incident majeur n’avait été signalé à ce stade.

Les attentes des commerçantes du secteur informel

Au bureau de vote de l’École Fondamentale de Gikungu II, plusieurs femmes vendeuses ambulantes de fruits et légumes ont profité de leur passage pour lancer un appel aux futurs élus.

« On veut juste pouvoir travailler tranquillement, sans être traquées », explique l’une d’elles, un panier d’avocats posé sur la tête.

Elles dénoncent des pratiques récurrentes de harcèlement policier, des confiscations de marchandises et des arrestations qu’elles jugent injustifiées.

« Parfois, on nous arrête comme si on était des criminelles, alors qu’on essaie juste de nourrir nos familles », s’insurge une autre.

Selon elles, les marchés officiels sont souvent saturés, ne leur laissant d’autre choix que de s’installer dans les rues. Martha, l’une des commerçantes, adresse un message clair aux candidats au Parlement et aux conseils communaux :

« Nous demandons à nos futurs élus de défendre les droits des petites commerçantes du secteur informel. Nous contribuons, nous aussi, à l’économie du pays. »

Une arrestation qui suscite des interrogations

Dans le quartier de Mutanga Sud, une mandataire du parti UPRONA a été arrêtée dans des circonstances encore floues, suscitant des interrogations sur le respect de la liberté d’action des représentants politiques en pleine période électorale.

En dépit d’un déroulement sans heurts visibles dans certains bureaux de vote, les récits recueillis ce 5 juin mettent en lumière un climat plus tendu qu’il n’y paraît. Peur des représailles, sentiment d’abandon et volonté de faire entendre des revendications sociales : autant d’éléments qui reflètent les défis démocratiques à relever dans la capitale économique du pays.
SOS Médias Burundi poursuivra sa couverture du processus électoral et l’écoute des voix citoyennes.

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Photo : Une femme glisse son bulletin dans l’urne lors des élections législatives et communales au Burundi, le 5 juin 2025 © SOS Médias Burundi