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Violences électorales : le ministre de l’Intérieur admet l’implication de membres du CNDD-FDD

SOS Médias Burundi

À deux jours du scrutin législatif et communal prévu ce 5 juin 2025, le ministre burundais de l’Intérieur a reconnu publiquement que des membres du parti au pouvoir sont impliqués dans des actes de violence et d’intimidation ciblant l’opposition. Une déclaration rare qui intervient dans un climat tendu marqué par de multiples signalements d’abus à travers le pays.

À deux jours des élections législatives et communales au Burundi, le ministre de l’Intérieur, Martin Niteretse, a reconnu l’implication de membres du CNDD-FDD, parti au pouvoir, dans des actes d’intimidation ciblant l’opposition. Il a également rappelé les sanctions prévues en cas de propagande post-campagne, précisant que les contrevenants s’exposent à des amendes allant jusqu’à 4 millions de francs burundais.

S’exprimant mardi lors d’une conférence de presse, le ministre a affirmé que la campagne électorale s’est « globalement bien déroulée », tout en reconnaissant la survenue de nombreux incidents, notamment à l’encontre du Congrès national pour la liberté (CNL) et de la coalition Burundi bwa bose. Il a déclaré que « la majorité des fauteurs de troubles sont des membres du CNDD-FDD », ajoutant que plus de 90 % d’entre eux ont déjà été interpellés, tandis que les autres restent activement recherchés par la police.

« Toute personne surprise en train de faire de la propagande après la période légale s’expose à une amende allant de 800 000 à 4 millions de francs », a-t-il averti, citant l’article 219 de la loi électorale.

Des violences signalées dans plusieurs provinces

Le ministre a détaillé plusieurs cas d’actes violents ou d’obstruction rapportés à travers le pays : menaces contre des candidats, destructions de cartes d’électeurs, agressions physiques et blocages de meetings. Les provinces de Bujumbura, Bubanza, Ruyigi, Kayanza, Gitega, Rutana, Cibitoke, Karusi et Makamba figurent parmi les zones les plus touchées, selon ses déclarations.

À Nyabitsinda (Ruyigi), un chef de zone a été arrêté après avoir lancé une pierre sur un véhicule appartenant au CNL. À Kabarore (Kayanza), un conseiller administratif est accusé d’avoir délibérément bloqué des routes afin d’empêcher la tenue d’un meeting de l’opposition.

Des destructions de cartes d’électeurs ont été signalées à Bukirasazi (Gitega), Kivoga (Rutana), Murwi (Cibitoke) et Buhiga (Karusi). D’autres incidents liés à des disputes autour des lieux de rassemblement ont été relevés à Mpanda et Gihanga (Bubanza), ainsi qu’à Isale (Bujumbura).

« Ce n’est pas normal qu’un individu jette une pierre sur un autre. Certains semblent souffrir de troubles mentaux », a commenté le ministre.

Le gouvernement promet de faire la lumière

En réponse aux nombreuses plaintes de l’opposition dénonçant l’intolérance politique et les entraves à la campagne, Martin Niteretse a assuré que des enquêtes sont en cours pour identifier les responsables et garantir que justice soit rendue.

Il a exhorté les citoyens à faire preuve de retenue, à respecter les lois en vigueur et à ne pas céder aux rumeurs, dans un climat qu’il souhaite apaisé à l’approche du scrutin.

« Les élections se dérouleront dans le calme, la paix et la liberté », a-t-il conclu.

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Photo : Martin Niteretse, ministre burundais de l’Intérieur, reconnaît l’implication de membres du CNDD-FDD, le parti présidentiel, dans les violences électorales © SOS Médias Burundi