Sud-Kivu : plus de 3 000 réfugiés burundais auraient rejoint les milices Wazalendo
Bukavu, 4 juin 2025 – Dans les camps de réfugiés burundais de Mulongwe et Lusenda, situés en territoire de Fizi, au Sud-Kivu (Est de la République démocratique du Congo), plus de 3 000 personnes auraient intégré les milices Wazalendo, des groupes armés locaux soutenus par les autorités congolaises dans le conflit qui secoue la région. L’information est rapportée par plusieurs sources locales et humanitaires contactées par SOS Médias Burundi.
Face à une crise humanitaire aiguë et à l’arrêt de l’assistance depuis plusieurs mois, de nombreux réfugiés burundais se tourneraient vers ces groupes armés. Certains participeraient même aux combats contre les rebelles Twirwaneho et du M23.
« Le HCR ne nous donne plus d’aide alimentaire depuis six mois. Quand je travaille à un poste de contrôle des Wazalendo à Baraka, je peux gagner jusqu’à 10 000 francs congolais par jour. C’est mieux que de rester dans le camp à mourir de faim », témoigne un réfugié burundais ayant rejoint une faction Wazalendo.
Des miliciens en uniforme dans les camps
La situation inquiète les civils restés dans les camps. Plusieurs réfugiés affirment que certains de leurs compagnons rentrent armés et en tenue militaire, malgré leur statut officiel de réfugié, faisant craindre des représailles d’autres groupes armés ou des FARDC (Forces armées de la RDC).
« Ils arrivent désormais en uniforme et armés, alors qu’ils sont encore enregistrés comme réfugiés », confie une réfugiée burundaise mariée à un milicien.
Dans ce contexte d’insécurité croissante, des voix s’élèvent pour réclamer la relocalisation urgente des populations les plus vulnérables.
Le HCR absent, les autorités dépassées
Le retrait du HCR depuis janvier des camps de Lusenda et Mulongwe est largement critiqué. Selon nos sources, plusieurs travailleurs humanitaires ont quitté la zone par crainte pour leur sécurité. Certains se seraient réfugiés au Burundi, au Rwanda ou à Kinshasa, la capitale congolaise.
Des ONG encore présentes sur place jugent plausible le chiffre de 3 000 réfugiés enrôlés dans les groupes armés. Elles dénoncent un climat de peur et un abandon humanitaire total.
Des mises en garde ignorées
La Commission nationale pour les réfugiés (CNR), antenne de Baraka, a rappelé que l’engagement dans des groupes armés est strictement interdit pour les réfugiés. Mais sur le terrain, cette interdiction semble restée lettre morte.
D’après les dernières statistiques du HCR et de la CNR, la RDC accueille près de 47 000 réfugiés burundais, majoritairement installés dans les camps de Lusenda et Mulongwe, mais aussi dans des centres de transit comme Sange et Kavimvira, ou dans les centres urbains de l’Est congolais.
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Photo d’archives : des réfugiés burundais en attente d’une assistance alimentaire à Lusenda, en 2022 © SOS Médias Burundi
