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Giharo : menaces de mort et pressions politiques ciblent les membres du parti UPRONA

Les inscriptions d’une permanence du parti CNL ont été effacées, illustrant les tensions politiques dans certaines localités © DR

SOS Médias Burundi

Giharo, 30 mai 2025 – À quelques jours des élections législatives et communales prévues au Burundi, un climat de terreur politique s’installe dans la commune de Giharo, province de Rutana (sud-est du pays). Des responsables locaux du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, sont accusés d’avoir tenu des propos violents et exercé des pressions sur des membres du parti d’opposition UPRONA.

Menaces publiques lors d’un congrès à Kibimba

Le 27 mai 2025, un congrès du CNDD-FDD s’est tenu sur la colline Kibimba, en zone Butezi. Plusieurs leaders du parti y ont tenu des discours incendiaires à l’encontre des opposants.

Zacharie Batungwanayo, chef de colline de Kibimba, et Léonard Ruhoranyi, représentant local du CNDD-FDD, ont incité les militants à « faire tout ce qui est possible pour tuer ou supprimer » certains membres de l’UPRONA.

Trois figures ont été nommément visées :

Usuël Ntarutimana, représentant communal d’UPRONA à Giharo,

Théoneste Juma, représentant du parti en zone Butezi,

Venant Nyobeye, militant actif du même parti.

Selon des témoins présents, ces appels à l’élimination physique ont été soutenus par Cyriaque Komezurugendo, alias Komezumusonga, représentant zonal du CNDD-FDD à Butezi, ainsi que par Jean Araka et Françoise Nivyimana, tous deux candidats aux élections législatives. Ils auraient affirmé que l’assassinat de ces opposants était « un moyen de garantir la stabilité de la commune de Giharo ».

Tentative de ralliement forcé sur la colline Mutwana

Le 29 mai 2025, vers 6 heures du matin, un autre incident est survenu sur la colline Mutwana. Gilbert Ndayisenga, militant de l’UPRONA, a été convoqué de force au bureau collinaire par Vincent Nemerimana, chef de colline, et Bernard Ntirandekura, représentant local du CNDD-FDD.

Ils étaient accompagnés de membres identifiés de la ligue des jeunes du CNDD-FDD – les Imbonerakure –, dont Bahati, Niyonzima, Zacharie alias Sage, et Zabulon.

Sur place, Gilbert Ndayisenga s’est vu ordonner de quitter son parti pour rejoindre le CNDD-FDD, sous peine de mort. Il a également été menacé d’une surveillance constante, illustrant une tentative manifeste d’intimidation prolongée.

L’UPRONA dénonce une campagne de terreur

Face à ces agissements, les responsables d’UPRONA dénoncent une stratégie de terreur politique et exigent que ces faits soient rendus publics et punis par les autorités compétentes.

Un climat préoccupant à l’approche des élections

Ces incidents traduisent une instrumentalisation inquiétante de l’administration locale à des fins électorales. Les menaces de mort, les intimidations et les tentatives de ralliement forcé violent les principes d’un processus électoral libre, juste et transparent.

L’UPRONA, ainsi que des observateurs locaux, appellent la Commission électorale nationale indépendante (CENI), les organisations de défense des droits humains, ainsi que la communauté internationale à diligenter une enquête impartiale et à garantir un climat électoral serein.

Une commune déjà éprouvée par les violences politiques

La commune de Giharo est tristement connue pour des précédents similaires. Plusieurs opposants y ont été tués ou emprisonnés au fil des années, souvent avec la complicité présumée de membres du CNDD-FDD, de l’administration locale et de la police.

Parmi les cas marquants figure l’assassinat de Japhet Mukeshimana, commissaire communal de la police et ancien combattant des Forces nationales de libération (FNL). Il a été tué dans des circonstances troubles le 2 janvier 2024, illustrant la gravité de la situation sécuritaire et politique dans cette région de la petite nation de l’Afrique de l’Est.

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Photo : les inscriptions d’une permanence du parti CNL ont été effacées, illustrant les tensions politiques dans certaines localités © DR