Burunga – « Le droit de vote confisqué » : stratégies de manipulation et d’intimidation des opposants à l’approche des élections au Burundi
SOS Médias Burundi
Burunga, 30 mai 2025 – Alors que la campagne électorale bat son plein dans la petite nation de l’Afrique de l’Est, de graves violations du droit de vote et des actes d’intimidation ciblent ouvertement les partisans de l’opposition, en particulier dans la nouvelle province de Burunga, au sud-est du Burundi.
Des consignes pour confisquer des voix
Dans plusieurs collines de la province, des consignes inquiétantes sont relayées lors de réunions du CNDD-FDD, le parti au pouvoir. Les militants sont encouragés à empêcher certains citoyens – notamment les élèves, les domestiques et les aides ménagères – de voter, en les forçant à établir des procurations au profit du CNDD-FDD.
« Aucun élève, aucun domestique, aucune aide ménagère ne votera. Faites-leur signer des procurations. Le jour du scrutin, nous serons tous derrière notre chef de cellule (inama nshingiro). Si un opposant arrive, on s’en débarrasse avant qu’il ne vote, pour identifier ceux qui se cachent parmi nous en militant pour l’opposition », a lancé un cadre local lors d’un briefing militant.
Ces propos ont suscité un malaise jusque dans les rangs du CNDD-FDD, certains militants s’inquiétant de la tournure antidémocratique de la campagne.
Surveillance et infiltration des meetings de l’opposition
En parallèle, des messages WhatsApp échangés entre responsables administratifs et policiers – consultés par SOS Médias Burundi – révèlent une stratégie d’espionnage systématique des activités de l’opposition. Des instructions sont données pour infiltrer discrètement les rassemblements politiques rivaux :
« N’envoyez pas un chef de zone, ils sont connus. Envoyez un membre inconnu, qu’il écoute, prenne des photos, enregistre, et nous transmette un rapport détaillé », lit-on dans un message diffusé dans un groupe fermé de communication entre cadres locaux.
Une tension palpable dans Burunga
Ces pratiques d’intimidation se multiplient dans la province de Burunga, alimentant un climat de peur parmi les sympathisants de l’opposition. Beaucoup craignent pour leur sécurité, non seulement durant la campagne, mais aussi après les élections, à l’image des persécutions qui ont suivi les manifestations contre un mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza en 2015, ponctuées de disparitions et arrestations ciblées.
Le dimanche 25 mai à Makamba, une militante de la ligue des jeunes du CNDD-FDD – les Imbonerakure – a été expulsée d’un meeting de l’UPRONA dans la zone Gisenyi, après avoir été surprise en train d’enregistrer les discours des intervenants. Des témoins l’ont accusée de collecter des informations pour saboter ou réprimer les activités de l’opposition.
Appel à une vigilance accrue
Les partis d’opposition dénoncent une stratégie concertée de confiscation du vote et de terreur électorale. Ils appellent les observateurs nationaux et internationaux à surveiller de près le processus électoral burundais de 2025, afin d’en garantir l’intégrité et la transparence.
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Photo : des militants de l’UPRONA lors d’un meeting dans le nord-ouest du Burundi. En Burunga, ils affirment faire l’objet de menaces croissantes dans un climat préélectoral tendu © SOS Médias Burundi
