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Bujumbura : quand la campagne électorale déloge les élèves des salles de classe

Un enfant issu d'une famille des militants du CNDD-FDD ( Igiswi c'Inkona) participe à une parade militaire au cercle Hippique de Bujumbura en marge de la célébration de la 8ème édition de la journée dédiée aux Imbonerakure, le 31 août 2024 © SOS Médias Burundi

SOS Médias Burundi

Bujumbura, 29 mai 2025 — À l’approche des examens de fin d’année, l’ambiance dans plusieurs établissements scolaires de Bujumbura — la ville commerciale où sont concentrées les agences des Nations-Unies et l’administration centrale — est loin d’être studieuse. La faute à une campagne électorale envahissante, dont les manifestations bruyantes et répétées détournent les élèves de leurs obligations académiques. Une situation qui alarme de plus en plus parents, enseignants et acteurs de la société civile.

Dans les quartiers nord et sud de la capitale économique, meetings politiques, parades de militants et séances de chants partisans se multiplient en pleine journée, souvent à proximité des écoles. Résultat : les élèves, même sans y être officiellement invités, finissent par se mêler aux foules, au détriment de leurs études.

« Les enfants nous disent qu’ils vont réviser, mais à notre grande surprise, on les retrouve dans les cortèges politiques », témoigne une mère de trois enfants scolarisés à Nyakabiga, centre de la ville.

Certains enseignants évoquent une « ambiance de carnaval permanent » autour des établissements scolaires. Des groupes de jeunes, parfois encadrés par des adultes affiliés à des partis politiques, attendent les élèves à la sortie des classes, musique à fond et drapeaux en main. La tentation est grande, surtout dans un contexte de lassitude scolaire en fin d’année.

Un élève de 9e année raconte :

« Parfois, les militants viennent jusqu’à la grille de l’école. Ils nous distribuent des t-shirts ou nous invitent à danser. On reste pour s’amuser, mais après, on a du mal à reprendre les cours. »

Les conséquences commencent à se faire sentir dans les bulletins scolaires. Plusieurs établissements signalent une baisse de concentration et un recul du niveau général. Des enseignants expriment leur impuissance :

« Nous avons demandé que ces rassemblements se tiennent loin des écoles, mais personne ne nous écoute. L’État doit protéger l’école de l’ingérence politique », plaide un directeur d’école secondaire de Kanyosha, au sud de Bujumbura.

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Du côté des syndicats d’enseignants, les appels à la décence électorale et au respect du droit à l’éducation se multiplient. Ils estiment que les enfants, en particulier les plus jeunes, sont instrumentalisés et exposés à une polarisation prématurée.

À quelques semaines des examens nationaux, les familles craignent des résultats catastrophiques. Elles réclament une réaction urgente des autorités éducatives et politiques afin de préserver ce qui reste de l’année scolaire.

« On veut des livres, pas des slogans », lance un père d’élève croisé près de l’école fondamentale de Kinindo, dans le sud de la ville.

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Photo d’archives : un enfant issu d’une famille des militants du CNDD-FDD ( Igiswi c’Inkona) participe à une parade militaire au cercle Hippique de Bujumbura en marge de la célébration de la 8ème édition de la journée dédiée aux Imbonerakure, le 31 août 2024 © SOS Médias Burundi