Routes impraticables, promesses recyclées : le CNDD-FDD sous pression à Rumonge

SOS Médias Burundi
À l’approche des élections, le CNDD-FDD promet à nouveau la réhabilitation de plusieurs routes dans la province de Rumonge. Mais sur le terrain, les habitants expriment leur lassitude face à des engagements souvent répétés, rarement tenus.
Ce mercredi 28 mai, le stade de Rumonge, dans le sud-ouest du Burundi, a accueilli un meeting politique animé par le secrétaire général du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo. Devant une foule rassemblée depuis les communes de Rumonge, Burambi et Buyengero, le dirigeant du parti présidentiel a promis la réhabilitation des routes Mutambara–Bururi et Bururi–Makamba. Mais à une condition : que les électeurs votent massivement pour le CNDD-FDD aux prochaines élections.
Une promesse électorale de plus, qui n’a pas tardé à faire réagir. Entre scepticisme et colère, plusieurs habitants interrogés après le rassemblement dénoncent des engagements « sans fondement ». Ils rappellent que les promesses similaires faites dans le passé n’ont pas été tenues, notamment en matière d’infrastructures routières.
À bord d’un bus reliant Rumonge à Bujumbura, des passagers n’ont pas mâché leurs mots. L’un d’eux s’est demandé si Révérien Ndikuriyo avait jamais emprunté la RN3, cette route en ruine qui relie Rumonge à Bujumbura et à Nyanza-Lac. D’autres se disent sidérés de voir surgir de nouvelles promesses alors que les travaux déjà entamés — notamment sur les tronçons Rumonge–Gitaza et Rumonge–Nyanza-Lac — sont complètement à l’arrêt.
Des sources proches des ouvriers de l’entreprise en charge de la réhabilitation du tronçon Rumonge–Gitaza confirment que les travaux ont été suspendus avant Noël 2024. Tout le personnel a été mis en chômage technique. D’après l’Agence Routière du Burundi, les négociations avec le gouvernement en vue d’un budget supplémentaire n’ont débouché sur aucun accord clair. La société chinoise en charge de la route Rumonge–Nyanza-Lac fait face aux mêmes obstacles, paralysant tout progrès.
Pendant ce temps, les routes de la province continuent de se dégrader : des nids-de-poule tous les cinq mètres, des pannes à répétition, des pertes considérables pour les transporteurs. Le nombre de trajets quotidiens entre Rumonge et Bujumbura a chuté, passant de trois à un seul. Le temps de trajet, lui, a doublé pour atteindre quatre heures. Et le tarif du billet, officiellement fixé à 6.500 francs burundais, s’est envolé jusqu’à 15.000 francs, conséquence directe de l’état des routes et de la pénurie persistante de carburant.
Face à cette situation, les habitants interpellent les autorités. Ils réclament la fin des discours électoralistes et exigent des engagements sérieux, à la hauteur des capacités réelles du gouvernement. « Il est temps de cesser de promettre l’impossible », lance un résident de Buyengero, visiblement excédé.
En cette période pré-électorale, les promesses se multiplient, mais les attentes des citoyens restent les mêmes : des routes praticables, des transports fiables, des solutions concrètes. Dans la province de Rumonge, où l’état des routes est devenu un sujet de survie quotidienne, le CNDD-FDD joue gros.
Entre les ornières et les discours de campagne, les Burundais savent déjà lequel des deux leur coûte le plus cher.
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Photo : Des hommes poussent un tricycle embourbé sur une portion dégradée du tronçon Magara–Gitaza, où bus et motos peinent également à circuler © SOS Médias Burundi