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Bujumbura : la campagne électorale perturbe gravement la scolarité des élèves

Un enfant issu d'une famille des militants du CNDD-FDD ( Igiswi c'Inkona) participe à une parade militaire au cercle Hippique de Bujumbura en marge de la célébration de la 8ème édition de la journée dédiée aux Imbonerakure, le 31 août 2024 © SOS Médias Burundi

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Alors que les examens de fin d’année approchent à grands pas, plusieurs établissements scolaires de Bujumbura, la capitale économique du Burundi, peinent à maintenir une atmosphère studieuse. En cause : une campagne électorale omniprésente, marquée par des rassemblements bruyants qui détournent l’attention des élèves et inquiètent profondément parents, enseignants et membres de la société civile.

Dans les quartiers nord et sud de la ville, les manifestations politiques se multiplient en pleine journée : meetings, cortèges de militants, chants de propagande… Souvent organisés à proximité immédiate des écoles, ces événements finissent par attirer de nombreux élèves, même s’ils ne sont pas officiellement conviés.

« Les enfants nous disent qu’ils vont réviser, mais à notre grande surprise, on les retrouve dans les cortèges politiques », raconte une mère de famille de Nyakabiga, en plein centre-ville.

Les enseignants décrivent une ambiance chaotique, presque festive, aux abords des écoles. Des groupes de jeunes — parfois encadrés par des adultes affiliés à des partis politiques — attendent les élèves à la sortie des classes, musique à plein volume et drapeaux à la main. Pour beaucoup d’élèves, en cette période de l’année marquée par la fatigue et le relâchement, la tentation est forte.

« Parfois, les militants viennent jusqu’à la grille de l’école. Ils nous distribuent des t-shirts ou nous invitent à danser. On reste pour s’amuser, mais après, on a du mal à reprendre les cours », confie un élève de 9e année.

Les conséquences ne se font pas attendre : plusieurs établissements signalent une chute de la concentration en classe et une baisse du niveau général. Les enseignants se sentent impuissants face à un phénomène qui échappe à leur contrôle.

« Nous avons demandé que ces rassemblements aient lieu loin des établissements scolaires, mais personne ne nous écoute. L’État doit protéger l’école de l’intrusion politique », plaide un directeur d’école secondaire à Kanyosha, dans le sud de Bujumbura.

Les syndicats d’enseignants, eux aussi, tirent la sonnette d’alarme. Ils dénoncent une campagne qui empiète sur le droit à l’éducation et expose les plus jeunes à une politisation précoce.

À quelques semaines des examens nationaux, l’angoisse gagne les familles, qui redoutent une chute généralisée des résultats. Elles appellent à une réaction immédiate des autorités éducatives et politiques afin de sauver ce qui peut encore l’être.

« On veut des livres, pas des slogans », lâche avec amertume un père d’élève croisé près de l’école fondamentale de Kinindo, au sud de la ville.

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Photo : Un enfant issu d’une famille des militants du CNDD-FDD ( Igiswi c’Inkona) participe à une parade militaire au cercle Hippique de Bujumbura en marge de la célébration de la 8ème édition de la journée dédiée aux Imbonerakure, le 31 août 2024 © SOS Médias Burundi