Tensions préélectorales à Cibitoke : l’opposition sous pression

SOS Médias Burundi
À moins d’une semaine des élections législatives et communales, la province de Cibitoke, dans le nord-ouest du Burundi, est le théâtre d’une escalade d’intimidations et de violences visant les partis d’opposition. Les jeunes Imbonerakure, cadres militants du CNDD-FDD au pouvoir, sont accusés d’en être les instigateurs, tandis que les autorités locales relativisent la gravité des faits.
Dans chacune des six communes de Cibitoke, l’atmosphère se tend : l’Uprona, le CNL et la coalition Burundi Bwa Bose dénoncent des menaces répétées, des agressions physiques et même le retrait forcé de cartes d’électeurs auprès des sympathisants de l’opposition. « Nos militants vivent dans la peur permanente ; certains ont fui vers la Tanzanie ou la RDC, malgré le conflit qui y sévit », confie, sous couvert d’anonymat, un responsable de l’opposition.
Pire encore, ajoutent-ils, ces actes bénéficieraient de la bienveillance — voire du soutien — de certaines autorités administratives et de responsables de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). « Le scrutin est verrouillé d’avance », s’insurge un cadre de Burundi Bwa Bose. « Nous exigeons l’arrêt immédiat de ces pratiques pour garantir un processus libre, transparent et équitable. »
Le politologue local n’y voit pas plus d’espoir : selon lui, la combinaison d’un code électoral déséquilibré et de l’exclusion de facto du CNL d’Agathon Rwasa fragilise sérieusement la crédibilité du vote.
En réponse, les principaux responsables politiques balaient ces allégations : Alexandre Ngoragoze, patron du CNDD-FDD dans la « nouvelle » province de Bujumbura, assure qu’« aucun débordement n’est toléré » et que les électeurs jouissent d’une liberté totale de choix. Le gouverneur de Cibitoke, pour sa part, déclare n’avoir reçu aucune plainte officielle, tout en se disant prêt à entendre toute personne estimant ses droits lésés.
À cinq jours du scrutin, l’issue de cet affrontement préélectoral pourrait bien déterminer non seulement le sort politique de Cibitoke, mais aussi la robustesse de la démocratie burundaise dans son ensemble.
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Photo : Le bâtiment abritant les bureaux provinciaux à Cibitoke © SOS Médias Burundi