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Kirundo : des cartes d’électeurs manquantes provoquent l’indignation à l’approche des élections

SOS Médias Burundi

À seulement une semaine des élections législatives et communales, la province de Kirundo, au nord du Burundi, connaît une montée de tensions. De nombreux électeurs dénoncent ne pas avoir encore reçu leur carte d’électeur, élément indispensable pour pouvoir voter. Cette situation suscite colère, frustration et soupçons de manipulation.

Dans plusieurs communes, notamment à Busoni, des citoyens s’émeuvent de l’absence de leurs cartes. « Pourquoi certains ont-ils leurs cartes et pas d’autres ? Nous sommes tous Burundais et nous avons tous le droit de voter », s’insurge un habitant, carte d’identité en main, mais sans carte électorale.

Les témoignages recueillis indiquent que cette problématique touche une part importante des électeurs, qui craignent d’être exclus du processus démocratique.

Des accusations de manipulation ciblée

Des militants du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, parlent sous couvert d’anonymat d’une situation encore plus préoccupante : selon eux, les cartes manquantes toucheraient principalement les partisans de l’opposition, notamment du CNL (Congrès National pour la Liberté), ainsi que des citoyens considérés comme peu engagés politiquement.

Ces sources avancent que certaines cartes seraient attribuées intentionnellement à des membres du parti présidentiel, permettant à certains de voter plusieurs fois. Une accusation grave, qui menace la régularité et la crédibilité du scrutin.

Un système frauduleux connu des responsables ?

Selon les mêmes témoignages, cette stratégie serait connue du secrétaire général du CNDD-FDD ainsi que d’autres hauts responsables provinciaux. Du côté de l’opposition, plusieurs cadres locaux assurent avoir été alertés sur ces irrégularités. Le climat politique dans la province se tend, avec une méfiance croissante entre les différents camps.

Menaces de perturbation du scrutin

Face à ce qu’ils perçoivent comme une discrimination électorale, certains électeurs menacent désormais de boycotter ou même de perturber le déroulement des élections si la situation n’est pas corrigée. « Nous n’allons pas rester les bras croisés pendant que d’autres votent à notre place », avertit un jeune militant du CNL.

Chez les militants du CNDD-FDD, certains affichent une confiance teintée de fanatisme : « Les élections sont déjà gagnées », affirment-ils, laissant entendre qu’un résultat est déjà verrouillé.

Une crise de confiance électorale qui s’annonce

La Commission électorale provinciale reste pour l’heure silencieuse, malgré la multiplication des plaintes. Pourtant, pour prévenir tout embrasement ou crise post-électorale, la transparence et l’équité du processus doivent être garanties. Le respect du droit de vote de chaque citoyen est essentiel pour assurer la légitimité des institutions à venir.

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Photo : Des électeurs en attente de recevoir leurs cartes électorales dans le nord-ouest du Burundi, mai 2025 © SOS Médias Burundi