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Nakivale (Ouganda) : une réfugiée retrouvée décapitée, la sorcellerie évoquée comme mobile possible

SOS Médias Burundi

Une femme a été retrouvée décapitée dans le camp de réfugiés de Nakivale, en Ouganda. Si l’enquête est en cours, certains habitants évoquent déjà un possible règlement de comptes lié à des accusations de sorcellerie. La police met en garde contre toute forme de justice populaire.

Une scène d’horreur a bouleversé les habitants du camp de réfugiés de Nakivale, dans le sud-ouest de l’Ouganda. Le corps sans vie d’une femme, non encore identifiée, a été découvert décapité dans une vallée du village d’Isangano, au sein de la zone dite Base Camp, centre névralgique du camp.

Selon les premiers témoignages recueillis sur place, la victime aurait été tuée par des individus non identifiés, qui l’auraient ensuite décapitée. « Dommage que sa tête n’ait pas encore été retrouvée ! », s’est exclamé un témoin oculaire ayant assisté les forces de l’ordre dans le transport du corps vers la morgue du centre de santé Nyarugugu Health Centre III.

À ce stade, l’identité de la défunte n’a pas été établie. « Nous attendons qu’un membre de la communauté signale la disparition d’un proche », a indiqué un responsable local. En parallèle, une enquête policière a été ouverte pour élucider les circonstances de ce meurtre macabre.

Une piste inquiétante : la sorcellerie

Bien que le mobile exact demeure inconnu, de nombreux habitants évoquent une hypothèse de plus en plus fréquente dans la région : celle d’un acte lié à des accusations de sorcellerie. « Ceux qui sont tués de cette manière sont souvent soupçonnés d’être des sorciers. C’est devenu ici un moyen de se venger ou de régler des comptes », confie un voisin de la scène du crime.

Le village d’Isangano, théâtre de ce drame, est considéré par la police comme l’un des secteurs les plus sensibles du camp. Il est principalement habité par des réfugiés hutus rwandais ayant fui leur pays en 1994. Ces dernières années, plusieurs épisodes de violence y ont été signalés, dans un climat de tension et de méfiance persistante.

La police met en garde contre les violences

Dans un message adressé aux résidents, la police a vigoureusement dénoncé cet acte de justice populaire. « Toute personne impliquée dans ce type de crime sera poursuivie et sévèrement sanctionnée. En cas de conflit, il faut saisir la justice ou alerter l’administration », a rappelé un porte-parole des forces de l’ordre.

Ce message a reçu le soutien de plusieurs habitants du camp, qui réclament davantage de sécurité et une réponse judiciaire ferme face aux violences. Le camp de Nakivale, situé dans le district d’Isingiro, accueille actuellement plus de 140 000 réfugiés, dont près de 33 000 Burundais.

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Photo : Une réfugiée dans un petit champ de légumes à côté de sa maison au camp de Nakivale en Ouganda © SOS Médias Burundi