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Malawi : Disparition inquiétante de deux leaders réfugiés dans le camp de Dzaleka

SOS Médias Burundi

Deux leaders communautaires du camp de réfugiés de Dzaleka, au Malawi, ont disparu dans des circonstances troublantes. Leurs proches évoquent un possible enlèvement par de faux policiers. La tension monte au sein du camp, où des voix dénoncent des disparitions ciblées et une insécurité croissante.

L’inquiétude grandit au sein du camp de réfugiés de Dzaleka, au Malawi, après la disparition inexpliquée de deux figures communautaires. Daniel, chef du village Katuza et originaire du Burundi, ainsi que Patrick, agent de sécurité civil congolais, sont introuvables depuis la nuit de dimanche à lundi.

Selon plusieurs témoignages recueillis sur place, des hommes non identifiés, vêtus d’uniformes ressemblant à ceux de la police malawite, se seraient présentés au domicile de Daniel aux environs de deux heures du matin. Ils lui auraient demandé de les accompagner pour « constater un acte criminel » dans sa zone.

Soupçonneux, Daniel aurait aussitôt sollicité son voisin Patrick afin de ne pas se rendre seul avec les prétendus policiers. Depuis ce moment, plus aucune trace des deux hommes.

Des familles désemparées, une police silencieuse

Au lendemain de leur disparition, les épouses des disparus ont alerté les autorités locales. L’une d’elles raconte avoir vu « douze hommes en uniforme » se présenter cette nuit-là. « Nous pensions qu’il s’agissait de la police, mais mon mari semblait ne pas les reconnaître en les voyant échanger entre eux », confie-t-elle.

Interrogée, la police du camp affirme n’avoir mené aucune opération cette nuit-là.

« Aucun leader communautaire n’a été interpellé, aucun incident ne nous a été signalé. Nous sommes tout aussi surpris que les familles », a déclaré le chef du poste de Dzaleka.

Ce mardi, les familles sont retournées au commissariat, toujours sans nouvelles de leurs proches. Une enquête aurait été ouverte.

« Rien ne prouve pour l’instant l’implication de nos agents. Mais nous ferons tout pour retrouver ces hommes sains et saufs, et identifier les auteurs de cet acte », a ajouté le même responsable.

Des disparitions ciblées ?

Cette double disparition alimente un climat d’inquiétude croissante au sein du camp. Certains réfugiés y voient une volonté délibérée de réduire au silence les voix influentes.

« On a l’impression qu’on veut faire taire ceux qui éveillent les consciences », murmure un réfugié congolais.

D’autres mettent en cause les tensions latentes entre réfugiés et communautés hôtes, certains accusant les nouveaux arrivants de prospérer au détriment des locaux ou de convoiter leurs terres.

Méfiance généralisée et grève de la sécurité

Face à cette situation, les agents de sécurité civils du camp ont annoncé la suspension de toutes leurs patrouilles nocturnes. Une mesure à la fois de protestation et d’autoprotection. Ils réclament également le paiement de six mois de salaires impayés.

Situé à une quarantaine de kilomètres de Lilongwe, le camp de Dzaleka abrite actuellement plus de 50 000 réfugiés et demandeurs d’asile, principalement originaires de la République démocratique du Congo, du Burundi, du Rwanda et d’Éthiopie.

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Photo : Des agents de la police du Malawi dans une opération de rafle de réfugiés originaires des Grands-Lacs d’Afrique