Joseph Kabila dénonce une dérive autoritaire et appelle à la refondation de l’État congolais

SOS Médias Burundi
Dans un discours incisif prononcé ce vendredi, l’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, a dressé un tableau alarmant de la situation du pays. Face à ce qu’il qualifie de « dictature naissante », il appelle à un sursaut national et propose un pacte citoyen pour remettre le pays sur les rails.
Prenant la parole dans un contexte de fortes tensions politiques, Joseph Kabila n’a pas mâché ses mots. Il a accusé le régime en place d’accumuler les dérives autoritaires, dénonçant la concentration du pouvoir exécutif, les atteintes à la Constitution, et des fraudes électorales massives lors du scrutin de décembre 2023. Selon lui, ces irrégularités ont profondément fragilisé les institutions de la République.
L’ancien chef de l’État a également fustigé la montée du tribalisme, la répression des opposants et l’affaiblissement du Parlement, qu’il qualifie désormais de « simple chambre d’exécution de la volonté présidentielle ».
Une situation sécuritaire explosive
Sur le plan sécuritaire, Kabila s’est montré particulièrement préoccupé par l’instabilité persistante dans l’est du pays. Il a évoqué les massacres perpétrés à Goma, la mauvaise préparation des Forces armées congolaises (FARDC) et les exactions commises à l’encontre des populations swahiliphones. Il accuse en outre certains groupes armés d’être instrumentalisés par l’armée nationale, ce qui, selon lui, compromet gravement la stabilité de la région des Grands Lacs.
Face à cette situation qu’il juge « dramatique », Joseph Kabila propose un « pacte citoyen en 12 points » visant à restaurer la démocratie, apaiser les tensions internes, relancer le dialogue avec les pays voisins, et restructurer en profondeur l’appareil étatique.
Malgré la levée récente de ses immunités parlementaires, l’ex-président a annoncé son intention de se rendre prochainement à Goma. Il affirme être prêt à défendre l’intégrité de la RDC « jusqu’au sacrifice suprême ».
« Le discours de Kabila marque une nouvelle étape dans la recomposition politique du pays. Il tente de se repositionner comme une alternative crédible en période de crise, tout en cherchant à renforcer son influence », analyse un expert congolais en gouvernance.
La justice se rapproche de Kabila
Deux jours avant son discours, le jeudi 22 mai, le Sénat congolais a voté la levée de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila. Cette décision ouvre la voie à des poursuites judiciaires à son encontre. Il est accusé par la Haute Cour militaire d’avoir soutenu la rébellion du M23 et l’Alliance Fleuve Congo, une coalition politico-militaire à laquelle est affilié ce groupe armé qui contrôle actuellement les chefs-lieux du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Le vote, tenu à bulletin secret, a été approuvé par 88 sénateurs sur 98, dans un climat de crispation extrême. Tandis que les proches de Kabila dénoncent une manœuvre politique visant à l’écarter définitivement du jeu, le gouvernement défend une démarche purement judiciaire. « La justice doit suivre son cours, sans exception », affirme un porte-parole de l’exécutif.
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Photo : Joseph Kabila, l’ancien chef de l’État congolais qui appelle à la refondation de l’État © DR