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Burundi : PARCEM dénonce une campagne aux allures présidentielles et pointe de nombreuses irrégularités

Faustin Ndikumana, directeur national de l’organisation PARCEM, plaide pour une indépendance accrue de la Banque de la République du Burundi (BRB) © SOS Médias Burundi

SOS Médias Burundi

À l’approche des élections législatives et communales prévues dans deux semaines, l’organisation burundaise PARCEM (Parole et Actions pour le Réveil des Consciences et le Changement des Mentalités) tire la sonnette d’alarme. Elle fustige une campagne électorale qu’elle juge dévoyée, marquée par des irrégularités préoccupantes.

Lors d’une conférence de presse tenue ce mercredi à Bujumbura, le directeur national de PARCEM, Faustin Ndikumana, a critiqué une campagne électorale qui, selon lui, s’apparente davantage à une présidentielle. « Ce ne sont pas les candidats aux législatives qui sont au-devant de la scène, mais plutôt les chefs des partis politiques », a-t-il dénoncé. À ses yeux, chaque candidat devrait pourtant avoir l’opportunité de se présenter en personne, d’exposer son programme, de démontrer ses compétences et de préciser sa contribution potentielle au sein du Parlement.

Il rappelle que même dans le cadre d’une liste bloquée, chaque candidat demeure individuellement responsable de son mandat et doit être en mesure d’assumer pleinement son rôle, notamment au sein des commissions parlementaires.

Déséquilibre médiatique et usage abusif des ressources publiques

L’organisation pointe également un déséquilibre flagrant dans la couverture médiatique des campagnes, en particulier au sein des médias publics, largement dominés par le CNDD-FDD, le parti au pouvoir. « On assiste à une forme de monopartisme de fait », a accusé Faustin Ndikumana, évoquant des pratiques qui, selon lui, rappellent celles d’une époque que le pays pensait révolue.

Autre sujet de préoccupation : l’utilisation des moyens de l’État à des fins partisanes. « Seul le président de la République est autorisé, pour des raisons de sécurité, à se déplacer avec des véhicules administratifs. Dans tous les autres cas, il s’agit d’une violation manifeste de la loi », a-t-il martelé.

Mobilisation forcée et promesses irréalistes

PARCEM dénonce également la mobilisation forcée de la population, la fermeture arbitraire de commerces et l’absence de nombreux fonctionnaires réquisitionnés pour des activités de campagne. Des pratiques qui, selon l’organisation, ont un impact économique réel. « Dans un contexte économique aussi fragile, cela représente un manque à gagner considérable », a averti M. Ndikumana.

Enfin, il met en garde contre des promesses électorales jugées déconnectées des réalités du pays. « Le Burundi est confronté à une inflation persistante, à une pénurie de carburant, à une dette publique grandissante et à un recul des investissements. Il est irresponsable de faire miroiter des engagements intenables », a-t-il estimé.

L’ONG appelle à des enquêtes sérieuses et à des sanctions contre les auteurs de ces dérives. « L’impunité alimente les frustrations. Elle crée un climat délétère à la veille du scrutin. Il est impératif d’y mettre un terme », a conclu Faustin Ndikumana.

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Photo : Faustin Ndikumana, directeur national de PARCEM qui dénonce une campagne inéquitable © SOS Médias Burundi