Ngagara : un stock d’uniformes réduit en cendres, la base policière crie à l’abandon
SOS Médias Burundi
Un incendie a ravagé un dépôt logistique de la Police nationale du Burundi, emportant avec lui un stock important d’uniformes neufs. Au-delà des pertes matérielles, l’événement met en lumière une profonde frustration au sein des troupes, alimentée par des années de promesses non tenues, de favoritisme et de manque de transparence dans la gestion du matériel.
Un incendie survenu dans la nuit de lundi à mardi a réduit en cendres un important stock d’uniformes neufs de la Police nationale du Burundi (PNB), entreposés dans un dépôt logistique situé au quartier 10, dans la zone de Ngagara, au nord de Bujumbura. Si l’origine du sinistre demeure inconnue, cet événement ravive une colère sourde au sein des forces de l’ordre, où les frustrations liées à une gestion jugée inéquitable et opaque refont surface.
Le feu a ravagé les installations du service logistique de la PNB, détruisant des centaines de tenues flambant neuves. L’alerte a mobilisé en urgence le général-major Christophe Manirambona, inspecteur général adjoint de la PNB, qui s’est rendu sur place pour superviser les opérations de secours. Malgré l’intervention rapide, les pertes sont lourdes.
Mais ce sont surtout les réactions dans les rangs qui témoignent de la profondeur du malaise. « C’est révoltant. Comment peut-on laisser des tenues neuves prendre la poussière pendant que nous portons des uniformes déchirés depuis des années ? » s’indigne un agent de police rencontré à Bujumbura. « Certains d’entre nous n’ont pas vu la moindre dotation depuis plus de trois ans. »
Les accusations de favoritisme et de mauvaise gestion fusent. Plusieurs policiers dénoncent une répartition inégale du matériel et pointent du doigt une administration déconnectée des réalités du terrain. « Il y a des unités qui reçoivent tout, pendant que d’autres sont oubliées. Ce feu, qu’il soit accidentel ou non, met en lumière une injustice criante », affirme un officier supérieur sous couvert d’anonymat.
Certains n’excluent pas l’hypothèse d’un acte délibéré. « On ne détruit pas un stock entier d’uniformes par simple négligence. Ce dépôt aurait dû être sécurisé. Ce qui s’est passé ressemble à une tentative de dissimulation », soupçonne un ancien inspecteur.
Face à l’indignation, la direction de la PNB annonce l’ouverture d’une enquête. Mais dans les rangs, peu y croient vraiment. « Ce sera une enquête de façade, comme toujours. Aucun responsable ne sera inquiété », lâche un policier, résigné.
Pendant ce temps, sur le terrain, les patrouilles se poursuivent… en uniformes en lambeaux.
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Photo : Des policiers burundais dans un défilé en marge de la fête de l’indépendance du Burundi dans la ville commerciale Bujumbura © SOS Médias Burundi
